Une agitation secoue les rangs du Front de libération nationale (FLN), à la suite de la diffusion d’un communiqué attaquant frontalement le secrétaire général du parti, Abdelkrim Benmbarek, et laissant entendre l’existence d’un mouvement interne (intitulé la Coordination nationale pour le sauvetage du Front de libération nationale), appelant à son départ.
Face à cette manœuvre jugée « malsaine » et « dangereuse », les sénateurs affiliés au parti ont réagi hier pour exprimer leur « profond désaveu et leur vive indignation » dans à un document intitulé « Condamnation et dénonciation ». Ils dénoncent une tentative manifeste « d’usurpation », puisque le texte incriminé n’a été ni signé, ni validé, ni même discuté en interne. Pour eux, il s’agit d’une dérive contre les usages parlementaires et les principes de fonctionnement du parti.
Les sénateurs y voient une entreprise de sabotage et « Une tentative de semer la division dans les rangs parlementaires, de perturber les structures du parti et de ternir l’image de l’institution législative en l’impliquant dans des querelles d’appareil qui n’ont rien à voir avec ses attributions constitutionnelles ». Les signataires ont affirmé leur attachement sans équivoque à la direction actuelle du parti, incarnée par Abdelkrim Benmbarek. « Les questions d’ordre organisationnel doivent être traitées dans les cadres statutaires du parti », ont-ils martelé, en appelant au respect de la hiérarchie et des procédures.
Sortie ratée en Chine
Si cette sortie a pour but immédiat de colmater les brèches apparues au grand jour, elle laisse aussi transparaître, en creux, un aveu : des tensions souterraines persistent bel et bien au sein du FLN. Des foyers de contestation ou d’agitation existent, prêts à être relancés. Ce phénomène – autrefois appelé “mouvement de redressement »- n’est pas nouveau dans les arcanes de l’ex Parti unique.
Les sénateurs appellent à ce que des sanctions soient prises à l’encontre de ceux qui seraient impliqués dans ce « complot éhonté ». Ils réaffirment leur engagement « à respecter scrupuleusement les règles de la responsabilité politique et institutionnelle » et à poursuivre leur mission législative « avec sérieux et sens de l’État », en parfaite résonance, disent-ils, avec la vision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour une Algérie fondée sur l’état de droit et la stabilité institutionnelle.
Ce nouvel épisode intervient dans un contexte marqué par une visite en demi-teinte du secrétaire général en Chine. L’intervention de Benmbarek lors d’un forum sur les civilisations a été perçue comme peu préparée, voire inopportune.
« Une occasion comme celle-ci, offerte par une invitation officielle en Chine, exigeait une préparation minutieuse. Il était impératif d’incarner avec rigueur les valeurs de notre parti et les intérêts de notre nation. Votre manque de préparation soulève des questions quant à votre légitimité à continuer d’exercer vos fonctions », a écrit Abdelkader Reguig, ancien membre du comité central du Parti unique FLN.