L’ancien ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, a formulé une requête singulière devant la 10ᵉ chambre pénale de la Cour d’Alger, d’après des sources médiatiques. Poursuivi pour enrichissement illicite et déclaration mensongère de patrimoine, il a demandé que son procès se tienne à huis clos. Il souhaite que ce soit en dehors du regard du public et des médias.
La raison invoquée ? Des « motifs particuliers », qu’il a présentés comme étant trop sensibles pour être exposés à la lumière des projecteurs. L’ancien ministre s’est dit prêt à « dévoiler des vérités cachées », mais uniquement devant les juges et son avocat. Il refuse d’assumer la moindre responsabilité quant à une éventuelle fuite de ces informations dans l’opinion.
Selon le site Echourouk Online, la présidente de la chambre a pris acte de la requête, sans trancher sur-le-champ. Elle a renvoyé l’affaire au 2 septembre prochain. La question qui se pose est de savoir quelles vérités veut protéger ou, au contraire, révéler l’ancien homme fort de la Justice algérienne ?
Enrichissement et dissimulation
Tayeb Louh n’est pas poursuivi pour de simples irrégularités administratives. Les accusations qui pèsent sur lui sont liées à une déclaration mensongère de patrimoine et enrichissement illicite. Ces infractions sont prévues par la loi n°06-01 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption.
Le 7 juillet dernier, la chambre économique et financière du pôle pénal de Sidi M’hamed avait déjà condamné Louh, en première instance, à quatre années de prison ferme. Il a aussi reçu une amende de 200.000 dinars, assorties de la confiscation de ses biens saisis.
Il faut dire que Louh ne fut pas un ministre de la Justice comme les autres. Arrivé aux affaires en 2013, il a régné pendant des années sur l’appareil judiciaire. Incarcéré depuis août 2021, Louh a déjà fait face à plusieurs procès.
Outre les accusations actuelles, il a été poursuivi pour entrave au bon fonctionnement de la justice. Les accusations incluent aussi abus de fonction et incitation à la falsification. En 2023, il avait tenté en vain de faire fusionner les peines prononcées contre lui. Le Conseil judiciaire d’Alger avait rejeté sa requête.
Contrôler le récit
Dans un autre dossier, lié à des pressions exercées sur des magistrats et impliquant également l’ex-inspecteur général du ministère de la Justice et l’homme d’affaires Tarek Kouninef, Louh avait écopé de deux ans de prison ferme.
Or, sa demande d’un procès à huis clos pourrait néanmoins traduire une volonté de réduire l’exposition médiatique et contrôler le récit. Et d’éviter que des éléments compromettants ne viennent nourrir le débat public.