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Raïna Raï, l’été en feu  


L’été 2025 restera dans la mémoire collective comme un moment d’embrasement pour Raïna Raï. Plus qu’une simple tournée, ce fut une véritable odyssée musicale. Un retour triomphal sur les scènes a ravivé la ferveur populaire et rappelé l’intemporalité de leur œuvre.

Le groupe, né dans le bouillonnement bel-abbésien des années 1970 et forgé dans l’exil parisien, a prouvé qu’il demeure aujourd’hui encore une force vive. Il est encore capable de fédérer des générations entières autour de ses hymnes.

La saison estivale s’est ouverte le 31 mai à Tremblay-en-France. Dans une salle comble, lors de la soirée « Habibi Raï », Raïna Raï fait vibrer le public dès les premières notes. Les classiques – Ya Zina Diri Latay, Hagda – sont repris en chœur par une foule debout. Celle-ci est emportée par une énergie brute.

Le lendemain, à Lyon, le Festival des Nuits Sonores offre au groupe un écrin singulier : celui des anciennes locomotives transformées en cathédrale industrielle. Pendant une heure, leurs riffs électriques et leurs rythmes endiablés enflamment un public cosmopolite. Ce public mêle festivaliers aguerris et familles venues célébrer le patrimoine musical algérien.

Quelques jours plus tard, le 6 juin, c’est à Tourcoing, au Grand Mix, que le groupe retrouve la scène. En partenariat avec l’Institut du Monde Arabe et Attacafa, la soirée prend des allures de fête populaire. Les portes ouvertes et la restauration conviviale, puis le concert attendu de tous, complètent l’événement. Ce concert, complet plusieurs jours à l’avance, réunit un public dense qui vibre à nouveau sur les standards intemporels du groupe. L’universel du raï résonne, transcendant les frontières et les générations.

« Les révolutions ne meurent jamais »

Le 11 juillet, Raïna Raï revient sur les terres d’Algérie, pour un concert exceptionnel au Théâtre de verdure Laâdi Flici à Alger. Devant un public massif, le groupe retrace quarante-cinq ans de carrière. De Ya Zina à Zaâma, chaque morceau devient une page d’histoire. C’est une plongée dans la mémoire collective. Le public acclame Raïna Raï comme une légende vivante, témoin d’une épopée musicale. Celle-ci mêle noces populaires, rêves d’exil et luttes identitaires.

En août, le voyage prend une dimension symbolique. À Sidi Bel Abbès, berceau du groupe, Raïna Raï ouvre le 14e Festival national du Raï. Leur performance est partagée avec d’autres figures du genre comme Cheikh Naâm et Kouider El Abbassi. Elle résonne comme un retour aux sources. Le public est venu en nombre célébrer les enfants du pays, émus de voir leur ville natale vibrer à nouveau. C’est un moment fort au son de leurs guitares et de leurs voix.

Puis, quelques jours plus tard, à Oran, au Théâtre de verdure Hasni Chekroun, le groupe clôture le Festival national du Raï. Devant une foule exaltée, Raïna Raï offre un set incandescent. Cela rappelle pourquoi le raï est désormais inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO.

Partout, l’accueil fut triomphal : billets épuisés, rappels multiples, ambiances oscillantes entre liesse festive et émotion patrimoniale. Les setlists, tout en variant, conservaient un noyau de classiques – Zina, Hagda, Rana Hna, Ouin Daouek. Des improvisations électriques et des inédits s’y ajoutaient. Chaque concert devenait un hommage à Djilali Amarna et aux compagnons disparus. Cette tournée intégrait aussi une nouvelle génération de musiciens, témoignant d’une transmission en marche.

Cet été fut ainsi bien plus qu’une tournée : ce fut une renaissance. Une célébration de l’héritage, une promesse d’avenir, une manière de dire l’Algérie. C’est danser son passé et crier son futur. Comme le rappelle Lotfi Attar, le pilier du groupe : « Raïna Raï est une révolution. Et les révolutions ne meurent jamais ».