Après plusieurs semaines de pénurie, les briques de lait UHT font progressivement leur retour dans les supérettes algériennes. Si le lait en sachet subventionné n’a jamais disparu, le conditionné en Tetra Pak s’était raréfié, provoquant inquiétude et colère chez les consommateurs.
La cause principale de cette crise c’est l’offre. Les laiteries privées, qui importent la poudre nécessaire à la fabrication du lait UHT et des yaourts, ont été ralenties par les retards de mise en œuvre des programmes prévisionnels d’importation (PPI) lancés par le ministre du Commerce extérieur, Kamel Rezig.
Contrairement à une idée répandue, le marché était déjà ouvert aux opérateurs privés pour ces produits. Le monopole de l’ONIL ne s’appliquait qu’à la poudre destinée au lait subventionné en sachet. C’est donc la lenteur bureaucratique qui a provoqué la raréfaction du lait en brique.
Pour combler le vide, Soummam, par exemple, a accéléré ses approvisionnements. En quelques jours, l’entreprise a lancé quatre appels d’offres pour plus de 40 000 tonnes de poudre de lait, entière et écrémée. Ces volumes massifs permettent de relancer la production et de réalimenter progressivement les rayons.
Une crise révélatrice
L’ONIL, qui reste seul habilité à importer la poudre destinée au lait subventionné, travaille avec une liste restreinte de 29 fournisseurs agréés. Mais cette centralisation n’a pas permis d’assurer une fluidité totale des approvisionnements.
Avec environ 400 000 tonnes importées chaque année, l’Algérie demeure le deuxième marché mondial de poudre de lait après la Chine. Les grands traders internationaux – Hoogwegt, Melkweg, Interfood (Pays-Bas), Olam Food Ingredients (Singapour), Mlekovita (Pologne) – surveillent de près la reprise des appels d’offres. La Nouvelle-Zélande reste le premier fournisseur du pays.
La crise du lait en brique a agi comme un révélateur. Le lait en sachet, monopole de l’ONIL, reste distribué mais dépend d’une gestion publique rigide. Le lait en brique, produit par le privé, est exposé aux lenteurs administratives et aux fluctuations du marché mondial.
Pour les consommateurs, le soulagement est immédiat : retrouver enfin du lait UHT en rayon. Mais pour la filière, l’épisode rappelle la fragilité d’un système où le pays vit sous perfusion d’importations, tiraillé entre monopole public et dynamisme privé.