Pendant que se déroule le débat autour de la déclaration de politique générale du gouvernement Lecornu II, des députés d’Ensemble pour la République, une coalition de partis formée dans la perspective d’une majorité présidentielle, s’employaient à dégrader davantage la relation algéro-française. Le mercredi 15 octobre, le député Charles Rodwell s’est dirigé vers la commission des finances de l’Assemblée française pour y déposer un rapport proposant la dénonciation de l’accord bilatéral algéro-français de 1968.
Soutenu dans son projet par son collègue d’Ensemble pour la République, Mathieu Lefevre, nommé ministre de la Transition écologique dans le gouvernement Lecornu II, Charles Rodwell propose, dans son rapport, de mettre fin aux dérogations accordées aux Algériens par l’accord en question, en matière de circulation, de séjour, d’emploi et de protection sociale.
Le passage à l’acte, attendu de l’extrême droite ou de la droite républicaine incarnée par Les Républicains de Bruno Retailleau, est finalement assumé par le conglomérat partisan qui évolue en orbite autour d’Emmanuel Macron. Le député Rodwell dénonce le statut octroyé aux Algériens par l’accord de 1968 en ce que, souligne-t-il, « il crée une rupture d’égalité qui fragilise notre ordre juridique et entraîne un surcoût important pour nos finances publiques ».
Traduire dans les actes ce que Retailleau réclame dans le discours
Si les auteurs du rapport n’empruntent pas à l’ex-ministre de l’Intérieur ses éléments de langage pour construire leur argumentaire, ils ne s’en éloignent pas pour autant. Chez eux, c’est toujours l’Algérien vivant en France qui grève les finances publiques françaises, s’il n’est pas carrément accusé de tous les maux de la République.
Le député Charles Rodwell évoque un coût financier de 2 milliards d’euros en matière de prestations sociales au bénéfice des Algériens. Un chiffre avancé avec une légèreté déconcertante, sans se référer à une comptabilité ou à un bilan de dépenses sérieux. D’ailleurs, le député socialiste Philippe Brun ne s’est pas gêné de relever cette légèreté : « C’est davantage un rapport de commande politique, avec à la fin un chiffre qui est fait pour faire la une de CNews », a-t-il dénoncé, regrettant qu’aucun tableau ne soit joint au rapport pour étayer les chiffres avancés.
Entre Alger et Paris, rien ne va plus depuis le mois de juillet 2024. Depuis, les relations se sont dégradées, au point de friser la rupture. Le dialogue politique est rompu. La relation diplomatique ne tient qu’au maintien en poste de quelques diplomates et autres agents consulaires. L’Algérie n’a pas d’ambassadeur en poste en France. La France non plus en Algérie. Algériens et Français ne se parlent plus depuis plusieurs mois. Et rien ne dit qu’ils cesseront de sitôt de se regarder en chiens de faïence.