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La Banque d’Algérie durcit les règles du droit de change pour les voyages à l’étranger


La Banque d’Algérie a diffusé une note à l’intention des banques commerciales renforçant les conditions d’octroi du droit de change pour les voyages à l’étranger, dans le but de mieux encadrer l’accès aux devises et de limiter les abus, selon le document daté du 15 décembre 2025.

La note, qui s’inscrit dans le cadre de l’instruction n°05-2025 relative au droit de change pour voyage, rappelle aux banques l’obligation d’appliquer strictement les règles de vigilance et de conformité prévues par la réglementation en vigueur, notamment en matière de connaissance du client et de cohérence des opérations avec le profil financier du demandeur.

Selon le texte, l’octroi du droit de change est désormais conditionné à la détention d’un compte bancaire ouvert auprès de la banque domiciliataire. Les établissements doivent également s’assurer que le bénéficiaire dispose de capacités financières suffisantes pour couvrir les dépenses liées à son déplacement à l’étranger. Le règlement de la contrevaleur en dinars du montant en devises doit être effectué exclusivement par des moyens scripturaux, tels que la carte interbancaire (CIB) ou le chèque bancaire, les paiements en espèces n’étant plus admis.

La note prévoit en outre que les bénéficiaires ayant séjourné à l’étranger pour une durée effective inférieure à sept jours devront restituer le montant du droit de change perçu, sous peine de se voir privés de ce droit pendant cinq ans, sans préjudice de poursuites judiciaires.

Fraudes à la prime de voyage et suspension des bus vers la Tunisie

Ces mesures s’inscrivent dans un resserrement plus large décidé par les autorités face à des abus massifs du dispositif. Le ministre de l’Intérieur, Saïd Sayoud, a déclaré cette semaine devant le Parlement que près de 100 000 cas de fraude à la prime de voyage avaient été recensés en un mois et demi, impliquant des réseaux d’intermédiaires et certaines agences de voyage. Selon lui, ces pratiques reposaient notamment sur des déplacements fictifs par bus vers la Tunisie, avec des entrées et sorties répétées du territoire permettant de capter plusieurs fois la prime de 750 euros sans respecter la durée légale de séjour.

Le ministre a indiqué que plus de 5 000 bus avaient été recensés sur cette liaison, ce qui a conduit les autorités à décider la suspension temporaire des déplacements par bus vers la Tunisie, dans l’attente de mécanismes de contrôle plus stricts. Il a toutefois assuré que la prime de voyage, considérée comme un droit du citoyen, ne serait pas supprimée mais mieux encadrée.

Les montants du droit de change accordé aux voyageurs n’ont pas été modifiés. L’Algérie maintient un régime de change administré, dans lequel l’accès aux devises pour les particuliers reste strictement encadré afin de préserver les réserves de change et de limiter les déséquilibres extérieurs.