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Exemption de visas pour les diplomates : « l’Algérie n’a jamais été demandeur », affirme le MAE


Le gouvernement algérien a réagi, lundi, à la décision française de ne plus exempter de visas les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service algériens, laquelle décision suspend de fait l’accord bilatéral de 2007 et rend caduc l’accord de 2013.

Dans un communiqué publié sur son site web, le ministère des affaires étrangères et de la communauté algérienne à l’étranger a précisé que, contrairement à ce que la partie française veut faire accroire, « en matière d’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, l’Algérie n’a jamais été demandeur ».

Le ministère des affaires étrangères algérien rappelle que « lors de l’introduction de visa, en 1986, pour les ressortissants des deux pays, c’est la France qui a pris l’initiative d’une proposition portant exemption de cette exigence au profit des détenteurs de passeports diplomatiques. L’Algérie y avait alors opposé une fin de non-recevoir franche et sans équivoque. Bien plus tard, dans le cours des années 1990, et par trois fois, la partie française a renouvelé cette même proposition qui a essuyé une même fin de non-recevoir systématique ».

Ce n’est qu’en 2007 que la demande française trouvera en fin de compte un écho favorable auprès des autorités algériennes.

«Ce n’est qu’en 2007, lorsque la partie française est revenue à la charge encore une fois sur ce même sujet, que la partie algérienne a fini par consentir à la conclusion d’un accord bilatéral portant exemption e visas au profit des détenteurs de passeports diplomatiques. Et c’est toujours à l’initiative de la partie française qu’un nouvel Accord, conclu en 2013, a élargi l’exemption aux détenteurs de passeports de service et a abrogé l’Accord de 2007 à portée limitative », a précisé encore le MAE.

La précision est d’autant plus nécessaire que la partie française tentait de faire accroire que c’est l’Algérie qui a réclamé cette exemption parce qu’elle lui profitait. Ce n’est pas le cas. Cependant, il n’échappe pas au gouvernement algérien que les autorités françaises œuvrent à la suspension de l’accord de 2013.

« Au total, il apparaît dans la pratique que le  Gouvernement français tend vers le gel ou la suspension de l’Accord de 2013, en évitant soigneusement d’en assumer les responsabilités et les conséquences, et ce au mépris des dispositions pertinentes dudit Accord », souligne encore le MAE, poursuivant que « aujourd’hui, comme hier, l’Algérie n’a aucun intérêt particulier, ni aucun attachement significatif, à l’égard de cet Accord ».

Le gouvernement algérien dit prendre « dûment acte de ce qui s’apparente à une suspension de fait de l’Accord de 2013 sans le respect par la France des procédures requises. Elle en tire toutes les conséquences et y répondra par une application stricte de la réciprocité à la juste mesure du manquement de la partie française à ses obligations et engagements ». Une partie française qui a été d’ailleurs la première à violer l’Accord de 2013, comme le rappelle le MAE dans son communiqué.

Des détenteurs de passeports diplomatiques algériens ont été interdits d’accès au territoire français, au mépris de l’accord de 2013. C’est ce qui était arrivé notamment à l’ancien directeur de cabinet du président de la République et de l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie au Mali.

D’ailleurs, après ces violations de l’accord de 2013 par la partie française, le ministère des affaires étrangères algérien avait émis une directive à l’intention des diplomates algériens dans laquelle il leur demandait d’éviter de se rendre en France ou d’y transiter, hormis pour des motifs professionnels. Dit autrement, les diplomates algériens ne se rendaient pas déjà en France même exemptés de visas, suite à la directive du MAE.

Mais la partie française a tout de même fait ébruiter l’information de la suspension de l’exemption de visas pour les Algériens des détenteurs de passeports diplomatiques. Une décision sur laquelle le Chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie, convoqué à autre reprises au siège du MAE, n’a pu s’expliquer. Ce dernier affirmait, selon le MAE, systématiquement ne disposer d’aucune instruction du ministère français des affaires étrangères.

Le gouvernement algérien, qui affirme suivre avec un grand étonnement les développements  intervenus récemment dans la communication française au sujet des visas et des passeports diplomatiques, dit constater que « la communication française à ce sujet semble relever désormais d’une pratique curieuse et douteuse consistant à organiser grossièrement des fuites à des médias savamment sélectionnés par les services du ministère français de l’Intérieur et de la Direction générale de la police française ».