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Il a été refoulé de l’aéroport d’Alger : le journaliste Farid Alilat interdit d’entrée au pays


Le journaliste-écrivain, Farid Alilat, qui couvre l’actualité algérienne pour le magazine Jeune Afrique, a été refoulé de l’aéroport international Houari Boumediene d’Alger, le samedi 13 avril 2024, à l’aube, après avoir été retenu près de 8 heures dans les locaux de la police des frontières (PAF) et une longue audition par la police judiciaire.

« On m’a fait signer un procès-verbal (PV) d’audition qui ne repose sur aucune réquisition judiciaire », dénonce le journaliste qui, 48 heures plus tard, ne sait toujours pas pourquoi il a été « expulsé ».

La mésaventure du journaliste a commencé le vendredi 12 avril, à son arrivée vers 18h30 à l’aéroport international d’Alger en provenance de Paris.

« Arrivé devant la PAF, un officier m’a confisqué mon passeport algérien, le seul que je possède. Après une attente d’une quinzaine de minutes, un autre officier s’est présenté et m’a demandé de le suivre. J’ai été conduit dans une salle d’attente où il y avait déjà beaucoup de personnes. On me confisque mes téléphones portables. Je reste là jusqu’à 22 heures. On me fait sortir par la suite pour me conduire dans les locaux de la police judicaire, après une fouille minutieuse et un scanne de ma valise », raconte Farid Alilat, qui ne s’explique toujours pas pourquoi il a été soumis à toute cette procédure, lui, qui ne fait l’objet d’aucune plainte.

« Dans les locaux de la police judiciaire, j’ai subi une audition pendant près de 4 heures. On m’a posé toutes sortes de questions. On m’a interrogé sur ma vie, mes voyages, mes écrits. On m’a demandé si je possédais une double nationalité et j’y ai répondu que non. On m’a demandé pourquoi je couvrais l’actualité algérienne pour Jeune Afrique. On m’a interrogé sur l’identité des personnes que je rencontrais en Algérie. On m’a aussi demandé si je connaissais le MAK et Ferhat M’henni, question à laquelle j’ai répondu que, dans le cadre de mon travail, je suis appelé à connaître beaucoup de gens. J’ai dit qu’en tant que journaliste, je connaissais également le Président de la République », témoigne encore Farid Alilat, non sans préciser qu’ « en 20 ans de collaboration avec Jeune Afrique, je n’ai jamais eu de problèmes en Algérie ».

L’audition du journaliste chez la police judiciaire s’est achevée tard dans la nuit. Elle s’est achevée sur la signature d’un PV d’audition. Un PV « qui ne repose sur aucune réquisition judiciaire », dénonce Alilat dont les peines ne sont pas achevées avec la fin de son passage chez la police judiciaire. Moins de 2 heures après, soit vers 6h30, il est reconduit au pied de l’avion pour regagner la France. Il est refoulé, même si lui considère que c’est une expulsion.

« Vers 5h, j’interroge un policier sur ce qu’il allait advenir. Il m’a informé que j’allais être refoulé. Ce qui est arrivé. Vers 6h30, les policiers m’ont remis mes affaires et m’ont demandé de les suivre. ‘‘On va vous reconduire à votre avion’’, m’ont-ils signifié ».

Et d’ajouter : « Quand j’ai demandé les raisons au policier qui a pris cette décision, ce dernier s’est résumé à rétorquer : ‘‘j’applique les instructions’’. Aussi, je n’ai eu aucune explication verbale, encore moins écrite sur la raison de cette expulsion. Je ne fais l’objet d’aucune plainte…je pense que c’est à cause de mes écrits, il n’y a pas d’autres explications », relate encore Farid Alilat qui ajoute que « plus tard, j’ai su que la décision de mon expulsion a été prise en haut lieu et bien avant que je ne sois auditionné ».

Le journaliste Farid Alilat, qui, jusqu’ici, n’a pas été empêché de travailler en Algérie, craint que son refoulement sans raison de son propre pays ne soit un bannissement. « Je ne peux pas prendre le risque de revenir en Algérie », dit-il, regrettant cette décision qu’il juge « arbitraire et illégale ».

L’article 49 de la constitution stipule que « Tout citoyen jouissant de ses droits civils et politiques a le droit de choisir librement le lieu de résidence sur le territoire national ; le droit d’entrée et de sortie du territoire national lui est garanti ; toute restriction à ces droits ne peut être ordonnée que pour une durée déterminée, par une décision motivée de l’autorité judiciaire ».