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Affaire ANEP: Lourdes peines requises contre 2 ex-DG, Djamel Kaouane et Amine Echikr


Le procès de l’affaire ANEP II, ouvert mardi devant le pôle pénal, économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed, a pris fin sur un sévère réquisitoire du parquet à l’encontre de deux anciens ministres de la Communication, Djamel Kaouane (en détention) et Hamid Grine (sous contrôle judiciaire), ainsi que d’un ex-directeur général de l’Agence, Amine Echikr (en détention). Une peine de 10 ans de prison ferme est réclamée contre Kaouane et Echikr, et une peine de 6 ans de prison ferme contre Hamid Grine. Des peines allant de 5 à 8 ans de prison ont été requises contre d’autres prévenus. L’affaire est mise en délibéré et le verdict est attendu pour le mercredi 22 octobre.

L’on sait, dans les milieux de la presse et des médias, que l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) jouit d’un monopole sur la répartition de la publicité. Et que cette répartition n’obéit pas à des critères clairs et bien établis. Ministre de la Communication de 2014 à 2017, Hamid Grine avoue à la barre que « les choix publicitaires sont arbitrés ailleurs ». Amine Echikr, directeur général de l’ANEP entre mai 2018 et mai 2019, confirme : la répartition de la publicité obéit « à des recommandations de l’exécutif » et est aussi définie « en fonction de la ligne éditoriale ».

Une manne publicitaire transformée en instrument de contrôle

Ces deux aveux confirment, si besoin était, que la manne publicitaire était une rente qui a profité à la presse et aux médias « amis » du régime et du pouvoir en place, du fait de « directives » qui venaient d’ailleurs. Des directives qui ont fait que des journaux bien assis, qui avaient pignon sur kiosque, s’en sont trouvés privés, tandis que des périodiques « microscopiques », au tirage insignifiant, bénéficiaient d’attributions excessives.

Les prévenus dans cette affaire ANEP sont poursuivis pour des actes de gestion qui ne seraient pas au-dessus du reproche. À la barre, pour leur défense, ils ont invoqué des injonctions de l’exécutif, mais aussi l’absence d’un dispositif juridique devant encadrer la gestion de la publicité. Ancien directeur général de l’ANEP avant d’être promu ministre de la Communication, Djamel Kaouane affirme sans détour : « Il n’existe pas de loi qui régule la publicité en Algérie. » Comme de juste. Il ajoute : « Depuis la création de l’ANEP, ça marche aux directives ; l’essentiel, c’est que l’Agence gagne de l’argent. » Pouvait-elle en perdre, elle qui détient le monopole sur la publicité ? La question est, bien évidemment, ailleurs.