Le projet agro-industriel de Sidi Moussa, situé dans la wilaya d’Adrar, vient de reprendre. Après plusieurs années d’interruption, le groupe public Agrodiv a repris en main et relancé ce vaste programme de développement agricole dans le Sud algérien, en s’appuyant sur la société espagnole Alcantara Systems S.L., déjà partenaire technique du projet d’origine.
Conçu au milieu des années 2010, le complexe avait été porté par la société Sarl Sidi Moussa, créée par l’homme d’affaires Ali El Hamel, alors député FLN, en partenariat avec le groupe chinois China Triumph International Engineering Co., Ltd (CTIEC), filiale du conglomérat public China National Building Material (CNBM). Cette coentreprise visait à créer un pôle agro-industriel intégré sur 4 000 hectares dans la région d’Adrar, combinant production cotonnière, cultures horticoles et transformation agroalimentaire.
Le programme initial prévoyait la mise en culture de 4 000 hectares de coton et la construction d’une unité de démontage d’une capacité de 218 000 kilogrammes de fibres par jour. Il comprenait également 1 000 hectares de cultures horticoles, un lit de semence automatisé de 14 336 mètres carrés climatisé, une usine de fruits et légumes capable de traiter 20 000 kilogrammes par heure, ainsi que plusieurs bâtiments industriels et une base de vie pour le personnel. CTIEC devait assurer l’ingénierie et la fourniture des équipements, tandis qu’Alcantara Systems intervenait sur la conception, la construction, la formation et le suivi technique du site.
De la suspension à la reprise publique
Le projet s’est interrompu à la suite de l’opération « Mains propres », déclenchée après la chute du président Abdelaziz Bouteflika. Ali El Hamel, promoteur du projet, a été visé par des poursuites judiciaires. Les terrains et installations déjà réalisées ont été confisqués par l’État et placés sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, avant d’être transférés à la gestion du groupe public Agrodiv.
Depuis 2024, Agrodiv conduit la relance du complexe avec les mêmes ingénieurs espagnols d’Alcantara Systems, chargés d’actualiser la conception et d’assurer la supervision technique. Le partenariat sino-algérien d’origine n’a pas été reconduit et CTIEC et les anciens associés privés ne participent plus à la gestion du projet. Le plan actualisé prévoit la remise en culture progressive du périmètre, la réhabilitation des installations existantes et la mise en service de l’unité de traitement du coton d’ici 2027. Le financement repose sur des fonds publics et sur des crédits nationaux dédiés à l’agriculture saharienne.
Sidi Moussa se veut l’incarnation de l’investissement productif dans le Sahara, un projet structurant qui associe coton, horticulture et transformation pour créer de la valeur locale. Sa réussite pèsera sur la capacité de l’Algérie à faire de l’agriculture industrielle un moteur durable de diversification économique.
