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Canal Algérie : quand la censure frappe la solidarité avec la Palestine


L’écrivain et journaliste Djawad Rostom Touati a annoncé mettre fin à sa collaboration avec Canal Algérie, après la censure d’une émission qu’il avait consacrée au roman Le Déluge d’Al-Aqsa de Meslem Abdelfattah.

Début juillet 2025, l’animateur avait reçu l’auteur dans son programme Culture, l’Autre Regard, enregistré pour conclure la saison sur un thème central : la solidarité avec la Palestine. Mais à quelques jours de la diffusion prévue, il apprend que l’entretien ne passera pas à l’antenne. Motif : « Durant l’entretien, nous avons évoqué le soutien des États-Unis envers le génocide ».

Touati dénonce une censure arbitraire et souligne qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. Dans un numéro précédent, un extrait avait déjà été coupé lorsqu’il avait ironisé sur « le délire de Trump ». « J’avais cru à une simple maladresse de formulation », explique-t-il sur sa page Facebook. « Mais cette fois-ci, c’est l’émission entière qui a été effacée ».

À la rentrée, la direction lui annonce une refonte : treize minutes d’antenne, seul face caméra, sur un texte écrit à l’avance. Fini les invités, fini les échanges. « En clair, on supprimait l’interlocuteur pour supprimer le risque de “dérapage”. Ce n’était pas une réforme éditoriale, mais une censure déguisée », affirme Touati.

« Les mimes ingénieux »

Lui qui avait préfacé le roman de Meslem Abdelfattah ne se voyait pas, dit-il, « jouer les mimes ingénieux » en parlant de ce livre sans son auteur, ni sans liberté de parole.

Pour l’écrivain, cette expérience illustre une tendance plus large : « On ne censure pas pour des raisons techniques, mais parce qu’on touche à l’essentiel. La littérature et la critique ne peuvent pas se retrancher derrière l’esthétique alors qu’un peuple est massacré ».

Touati déplore que, face au génocide en cours à Ghaza, nombre de médias préfèrent le silence ou les platitudes. « Refuser la parole aux écrivains qui dénoncent, c’est participer à ce silence assourdissant. C’est se rendre complice de la propagande qui efface l’Histoire et travestit le crime en légitime défense ».

Après cinq saisons de Culture, l’Autre Regard, l’auteur tourne la page. Mais il refuse de céder au découragement : « La cause palestinienne est la cause primordiale de notre temps. La censure ne l’éteindra pas. D’autres tribunes existent, et nous continuerons à faire entendre cette voix ».