Un nouveau chapitre de polémiques va-t-il s’ouvrir entre Alger et Paris ? Le mardi 9 décembre, la police française a procédé à l’interpellation de Mehdi Ghezzar, homme d’affaires, activiste et chroniqueur de la chaîne de télévision publique AL24 News, a rapporté l’agence de presse APS. Il était fiché « S » par les autorités françaises et inscrit sur la liste des personnes recherchées.
Mehdi Ghezzar se serait rendu en France, où il possède une résidence et une dizaine de sociétés, à titre privé. Son interpellation conclut une série d’intimidations qu’il aurait vécues durant plusieurs mois au niveau des aéroports français, où il était « systématiquement retenu », déplorait-il récemment.
Le chroniqueur d’AL24 News, dont le sort n’est pas connu au moment où nous mettons en ligne, n’en est pas à son premier déboire en France. Il avait déjà été écarté de l’émission « Grandes Gueules » de la radio RMC, en raison notamment de ses positions sur Ghaza et de sa dénonciation du génocide qui s’y commettait.
Outre sa voix discordante, qui altère l’harmonie du chœur de l’extrême droite française, laquelle répète jusqu’à l’usure la partition raciste à l’encontre de l’Algérie, Mehdi Ghezzar est soupçonné par les autorités françaises d’être derrière la page « Moudjahidine 2.0 », qui s’attaquait aux influenceurs algériens établis en France qui critiquent le pouvoir en place.
Activiste, Mehdi Ghezzar est aussi militant politique. En 2024, il a participé activement à la campagne électorale du candidat Abdelmadjid Tebboune pour l’élection présidentielle. En janvier 2025, le journal français L’Express lui a consacré un long portrait où il le décrivait comme « un agent d’influence algérien ».
Sous surveillance étroite de la DGSI française
Mehdi Ghezzar serait étroitement surveillé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française, qui le soupçonnerait, toujours selon le journal L’Express, de connexions « au plus haut niveau » de l’État algérien.
L’interpellation de Mehdi Ghezzar va-t-elle constituer un frein aux efforts déployés en sourdine pour une reprise du dialogue entre Alger et Paris ? Les deux capitales ont rompu radicalement leur coopération politique et diplomatique depuis juillet 2024, après que le président français Emmanuel Macron a apporté le soutien de la France au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental.
Le ministre de l’Intérieur français, Laurent Nuñez, qui a succédé en octobre dernier à Bruno Retailleau — va-t-en-guerre, pour le moins que l’on puisse affirmer — a inscrit dans son agenda une visite en Algérie dont la date n’a pas été déterminée. Le premier policier de France, au ton plutôt conciliant avec l’Algérie, contrairement à son prédécesseur, a déclaré à maintes reprises être disponible pour faire le déplacement à Alger.
Une disponibilité qu’il n’a pas remisée au placard, même après la confirmation en appel, par la cour de Tizi-Ouzou, de la peine de sept années d’emprisonnement ferme pour le journaliste français Christophe Gleizes. Un emprisonnement qui, comme celui de l’écrivain Boualem Sansal auparavant — quoique à un degré moindre — stimule les éructations racistes de l’extrême droite française, lesquelles, cependant, n’ont pas provoqué un effet d’entraînement sur le gouvernement français. Pour le moment, du moins.