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CNUCED: « l’Algérie deuxième plus grand importateur d’Afrique »


La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a publié  son rapport “The State of Commodity Dependence 2025”, qui met en lumière les vulnérabilités des économies d’Afrique face aux importations. L’Algérie, deuxième importateur de la région derrière l’Égypte, illustre les déséquilibres d’un modèle économique où la rente énergétique compense à peine la dépendance alimentaire aux marchés internationaux.

Source: Cnuced

Entre 2021 et 2023, l’Algérie a importé pour 9,98 milliards de dollars de marchandises, se hissant ainsi au deuxième rang africain après l’Égypte (13,4 milliards). Certes, le chiffre montre le poids de l’économie algérienne dans la région, mais il en souligne également la fragilité.

Les denrées alimentaires représentent 23,6 % du total des importations algériennes, un taux très élevé comparé au Maroc (1,1 %) ou à la Tunisie (3,2 %). Cela reflète une incapacité à assurer une sécurité alimentaire durable. Cette dépendance s’est renforcée sous l’effet de la croissance démographique et de la faible productivité agricole, rendant le pays vulnérable aux chocs : flambée des prix mondiaux, crises d’approvisionnement ou instabilité géopolitique.

Source: CNUCED

Dépendance aux fluctuations de la demande

Cette fragilité contraste fortement avec la position de l’Algérie dans le domaine énergétique. Selon la CNUCED, le pays affiche un solde net de –121,4 % pour les importations énergétiques : un chiffre qui monte ainsi l’ampleur de son excédent. Cette rente reste une arme à double tranchant. Les hydrocarbures représentent plus de 82 % des exportations totales du pays.

Les trois principaux produits exportés ( pétrole brut, gaz naturel et produits pétroliers ) concentrent à eux seuls la quasi-totalité des revenus extérieurs. De plus, 74 % des exportations se dirigent vers seulement trois marchés, principalement l’Union européenne, accentuant la dépendance aux fluctuations de la demande et aux tensions diplomatiques.

Conscient des déséquilibres économiques, le président Abdelmadjid Tebboune a fait de la réduction de la facture d’importation l’un de ses chevaux de bataille. L’idée étant de  mettre un terme à une dépendance chronique qui, pendant des décennies, a grevé les finances publiques et exposé le pays aux fluctuations des marchés mondiaux. Selon le chef de l’État, l’Algérie est ainsi passée d’un volume annuel de 60 milliards de dollars d’importations avant 2019 à environ 40 milliards aujourd’hui. En 2024, il  a revendiqué un taux de couverture de 81 % des besoins nationaux en blé dur, permettant de faire des économie estimées à 1,2 milliard de dollars.

Parallèlement, l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), accusée d’inefficacité, a été dissoute, tandis qu’un Haut Conseil de régulation des importations a vu le jour. Reste qu’il est sans doute trop tôt pour dresser un bilan définitif de ces réformes.

Source: CNUCED