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Commémoration du 20 avril : la Kabylie essoufflée


Pour la première fois depuis de très longues années, hormis la parenthèse Covid-19, la tradition est rompue en Kabylie qui, d’habitude, marche pour commémorer le printemps amazigh d’avril 1980 et, depuis 2002, le printemps noir d’avril 2001.

Ce mercredi 20 avril 2022, ni Tizi Ouzou, ni Bejaia encore moins Bouira, les trois wilayas où il est de coutume de faire de la journée une halte politique commémorative et revendicative, n’ont été au rendez-vous. La mobilisation a été tellement faible, pour ne pas dire insignifiante que la tentative de marche au chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou a été vite et facilement avortée par la force publique.

Il est vrai que la manifestation ainsi tentée a impliqué essentiellement des étudiants qui se sont rassemblés pour un laps de temps relativement court devant l’entrée principale du campus universitaire de Hasnaoua. Rien à voir avec les temps où, en ce jour, Tizi Ouzou, tout comme Bejaia et Bouira, accueillirent une véritable déferlante humaine.

Par le passé, l’événement était tellement important et profondément ancré dans les consciences qu’on ne s’imaginait pas qu’il puisse passer sous silence. Mais c’est finalement arrivé que rien ne se produis. Que la journée du 20 avril soit une journée ordinaire, semblables à toutes autres.

Il faut dire que rien n’a été entrepris pour qu’elle ne le soit pas. Les acteurs qui présidaient traditionnellement à l’organisation, politique et matérielle, de la commémoration n’ont pas pris l’initiative cette année. Ni les partis politiques à fort ancrage dans la région, le RCD et le FFS, en l’occurrence, ni les organisations de la société civile, ni les comités estudiantins n’ont travaillé à mobiliser pour l’événement.

Sont-ils désabusés ou ont-ils la préoccupation ailleurs ? Ce qu’il est aisé de relever, c’est qu’ils n’ont rien commis pour rappeler qu’ils restaient sur le crédo du printemps amazigh et des perspectives démocratiques qu’il projette.

Il y a lieu de noter aussi que la désillusion sur laquelle beaucoup se sont réveillés après deux années pleines de « Hirak » avait contribué à cette démobilisation générale et qui, donc, ne pouvait que déteindre sur celle jadis inébranlable de la Kabylie.

Cette démobilisation a pu être aggravée par le risque encouru par les manifestants (poursuites judiciaires, emprisonnements, amendes…) après le renforcement des dispositions coercitives dans l’arsenal juridique. Les emprisonnements parmi les « Hirakistes » ou pour des délits d’opinion ne pouvaient, par ailleurs, qu’avoir agi comme un facteur supplémentaire de démobilisation.