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Crise entre Alger et Paris: Macron cède et prend le parti de Retailleau


Les autorités algériennes ont, peut-être, tort de croire que le gouvernement français finirait par se démarquer des menées du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau contre l’Algérie. C’est à tout l’inverse qu’il convient de noter, avec cette adresse du président Emmanuel Macron à son Premier ministre François Bayrou et dans laquelle il lui recommande «plus de fermeté et de détermination» à l’encontre de l’Algérie.

L’été devrait donc s’achever sans qu’Alger et Paris, en crise depuis juillet 2024, ne se réconcilie. L’arbitrage du président Français, Emmanuel Macron, qui s’était montré auparavant moins radical que son ministre de l’Intérieur, se range désormais du côté des va-t-en-guerre de l’extrême droite et de la droite françaises.

Dans une lettre, mercredi, au Premier ministre François Bayrou, consultée par Le Figaro, le locataire de l’Élysée donne le feu vert pour l’escalade dans la crise avec l’Algérie, recommandant «des décisions supplémentaires». Attiser la crise ne sera désormais plus l’œuvre solitaire de Retailleau mais de l’ensemble de l’exécutif français.

« Les autorités algériennes ont fait le choix délibéré de ne pas répondre à nos appels répétés au cours des derniers mois à travailler ensemble dans l’intérêt de nos deux nations. Il aurait pu en être autrement. Désormais, nous n’avons pas d’autres choix que d’adopter une approche de plus grande fermeté», a argué Macron dans sa lettre à Bayrou.

Avec sa missive à François Bayrou, le président Macron, qui s’est retenu de mêler sa voix au chœur des anti-algériens parmi les membres de son gouvernement, signe sa «capitulation» devant Bruno Retailleau. Ce dernier doit se frotter les mains, à présent que Marcon appelle lui même à «des mesures supplémentaires» contre l’Algérie.

Quasi-rupture diplomatique

Cette radicalité que le président français recommande vis-à-vis de l’Algérie poussera la relation algéro-française davantage vers la rupture, déjà qu’elle ne tient qu’à peu de choses. Sûrement que Bruno Retailleau fera tout pour que cela advienne. Il ne risque pas de se faire taper sur les doigts maintenant qu’Emmanuel Macron valide son entreprise.

Le ministre français de l’Intérieur travaille inlassablement depuis une année à la rupture de la relation entre la France et l’Algérie. Il est parvenu jusque-là à la fragiliser considérablement. En une année, il a pris plusieurs mesures: tentatives d’expulsion d’Algériens frappés d’OQTF, refoulement de détenteurs algériens de passeports diplomatiques, renvoi des personnels diplomatiques algériens et l’interdiction aux agents diplomatiques accrédités d’accéder aux zones dédiés pour la récupération des valises diplomatiques.

Il faut souligner que les autorités algériennes n’ont pas cédé aux multiples pressions françaises. Elles ont répondu du tac au tac, par la réciprocité. La relation entre l’Algérie et la France est aujourd’hui dans l’impasse. La coopération diplomatique est à son plus faible niveau, voire carrément à l’arrêt. Les ambassadeurs des deux pays ne sont pas en poste. L’Algérien depuis juillet 2024, le Français depuis avril 2025. Les représentations diplomatiques des deux pays sont dégarnies.

Une tentative de dépassement de la crise a été tentée en avril 2025. Le président Macron avait téléphoné au président Tebboune.

L’échange téléphonique avait été suivi de la visite, la première semaine d’avril, du ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot. La visite offrait une perspective de réconciliation, par le dialogue, entre les deux pays. Sauf que Bruno Retailleau a manœuvré et a réussi à la saborder, en interpellant sur la voie publique un agent consulaire algérien, qui sera placé en détention préventive.