Chargement ...

Des responsables algériens au cœur d’un procès pour corruption en Espagne


Selon un article publié le 26 septembre par le quotidien espagnol Público, le procès de l’affaire Elecnor s’ouvre en Espagne, près de dix ans après l’éclatement d’un vaste scandale de corruption lié à des marchés publics en Algérie.

Parmi les bénéficiaires des pots-de-vin versés par le groupe basque figurent plusieurs personnalités algériennes : Smaine Koriche, directeur du projet du tramway de Ouargla ; Abdelaziz Natouri, ancien directeur de l’Énergie ; l’homme d’affaires Amar Aouci ; le traducteur présidentiel Zine Hachichi et sa famille ; ainsi que Camelia Gherbi, fille d’une haute responsable du foncier.

Selon l’acte d’accusation, Elecnor et ses partenaires espagnols ont obtenu deux contrats majeurs : la station de dessalement de Souk Tleta (250 M€, en 2009) et le tramway de Ouargla (230 M€, en 2013). Dans le cadre de ces projets, le parquet reproche à la multinationale d’avoir financé des biens immobiliers pour Natouri et Aouci, versé plus de 300.000 € à Hachichi et son fils, et pris en charge les études en Espagne de Gherbi. Dans le cas du tramway, un pot-de-vin de 850.000 € aurait été versé à Koriche via des sociétés écrans basées à Dubaï.

Du côté espagnol, le juge Santiago Pedraz renvoie en procès 23 personnes, dont l’ex-député Pedro Gómez de la Serna et l’ex-ambassadeur en Inde Gustavo de Arístegui. Le parquet réclame 18 ans de prison pour chacun, assortis de lourdes amendes et de la confiscation de 2,64 M€. Les deux hommes auraient utilisé leur cabinet de conseil Voltar Lassen pour canaliser les commissions occultes, en s’appuyant sur un réseau de sociétés écrans en Irlande, aux Pays-Bas, en Suisse et aux Émirats.

Cinq sociétés mises en cause

Les peines les plus lourdes visent toutefois deux dirigeants d’Elecnor, Germán Junquera Palomares et Ramón López Lax, qui risquent 21 ans de réclusion. Des proches de l’intermédiaire décédé Cristóbal Tomé Becerra, pivot des relations en Algérie, sont également poursuivis pour blanchiment.

Cinq sociétés sont mises en cause comme personnes morales : Elecnor, sa filiale Internacional de Desarrollo Energético, Rover Alcisa, Assignia Infraestructuras et AS Auditoría & Consulting Navarra SL. Le parquet requiert des amendes allant de 4,5 à 36,7 M€.

L’affaire avait éclaté fin 2015 à la suite d’une dénonciation de l’agent commercial José Faya López, qui avait fourni une abondante documentation au parquet anticorruption. Ses révélations avaient entraîné la démission d’Arístegui et l’exclusion de De la Serna du PP. Ironie du sort, malgré son rôle de lanceur d’alerte, Faya encourt 9 ans de prison.

Au terme de dix années d’instruction, ponctuées de perquisitions et de commissions rogatoires dans une quinzaine de pays, ce procès doit mettre en lumière les circuits financiers ayant permis de rémunérer des responsables algériens de haut niveau en échange de contrats stratégiques.