Ce jeudi soir, le Théâtre de verdure Saïm Lakhdar s’apprête à renouer avec ses nuits électriques. Sous les projecteurs, la 14ᵉ édition du Festival national de la chanson Raï s’ouvre pour quatre soirées de célébration, du 7 au 10 août, entre Sidi Bel-Abbès et Oran.
En invité de marque, Lotfi Attar, figure légendaire et cofondateur de Raïna Raï, revient fouler la scène de sa ville natale. À ses côtés, une pléiade d’artistes transformera cette ouverture en mosaïque sonore où se côtoieront groove vintage et sonorités contemporaines, au diapason de toutes les générations.
Pour les fidèles du Raï, c’est un voyage dans le temps. Lotfi Attar et les anciens de Raïna Raï rallumeront la flamme de leurs grands titres : Hakda, Zina, Tir Ettaïla, Zabana. Des hymnes qui, dans les années 80 et 90, accompagnaient les noces, les cafés chantants et les escapades nocturnes. Sur scène, l’énergie brute des guitares électriques et la nostalgie des paroles se mêleront comme aux plus belles heures du groupe.
Un rendez-vous ancré dans la cité
La veille, la bibliothèque Mohamed Kabati avait servi d’écrin à une conférence de presse. Face aux journalistes et aux acteurs du monde culturel, le commissaire du festival, Harzallah Housseme Eddine, a rappelé l’essence de cette manifestation : « C’est bien plus qu’un événement musical ; c’est un espace de transmission et un tremplin pour les jeunes voix. »
Pour lui, le festival s’est imposé au fil des ans comme un rituel culturel qui préserve l’héritage populaire tout en l’ouvrant à de nouvelles perspectives. Cette édition convie 23 artistes venus de plusieurs wilayas.
Huit soirées sont prévues : quatre dans la ville hôte, quatre sur la côte oranaise.
Le menu artistique ne se limite pas aux concerts. L’on note une ne exposition-hommage intitulée « Zargui Ahmed, une voix immortelle dans la mémoire nationale », des séminaires et rencontres autour du thème « L’histoire du Raï, du cheikh à la scène internationale », animés par chercheurs et passionnés venus de Sidi Bel-Abbès, Oran, Tlemcen et Alger.
Un temps fort sera dédié à la mémoire de Mohamed Bousmaha, ancien commissaire du festival, disparu tragiquement à l’étranger. Ce dernier avait œuvré sans relâche pour donner au Raï ses lettres de noblesse sur la scène mondiale.
Fidèle à sa mission, le festival mettra en avant les talents émergents, pour que le Raï continue de se régénérer et de parler aux nouvelles générations. L’objectif : injecter un souffle neuf, sans renier l’âme qui a façonné son identité.
La soirée d’ouverture s’annonce comme un condensé de tout ce qui fait la singularité de ce festival : la force d’un héritage, l’audace des métissages, la communion d’un public fidèle et curieux.
À Sidi Bel-Abbès comme à Oran, les guitares s’apprêtent à gronder, les voix à s’élever. Le Raï, ce chant de l’âme populaire, s’apprête à résonner une fois encore, fièrement, dans les nuits d’été algériennes.