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Kamel Daoud objet de deux mandats d’arrêt internationaux


L’écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, prix Goncourt 2024 pour son roman « Houris », fait l’objet de deux mandats internationaux émis par la justice algérienne, a  rapporté ce mardi 6 mai le magazine français « Le Point ». Le premier mandat d’arrêt a été émis par Interpol Algérie en mars 2025 et le second en ce début du mois de mai, ajoute le magazine qui cite les avocats de l’écrivain sans toutefois préciser les dates exactes de ces émissions.

Les motifs ayant motivé  l’émission de ces deux mandats d’arrêts internationaux ne sont pas connus. Du moins ils n’ont pas été portés à la connaissance de Me Jacqueline Laffont, l’avocate de Kamel Daoud. Cette dernière a déclaré au magazine « Le Point » que « manifestement, ils ont été lancés par les autorités algériennes pour des considérations politiques ».

Kamel Doud fait l’objet de plaintes pour son livre « Houris » dont le personnage principal est une jeune fille qui a survécu miraculeusement à un égorgement par des terroristes dans les années 90. Une jeune femme, du nom de Saada Arbane,  accuse l’écrivain d’avoir utilisé son histoire, qu’elle a confiée à son psychiatre, qui n’est autre que l’épouse de l’auteur, pour écrire son livre.

La jeune femme qui accuse Kamel Daoud a affectivement subi un égorgement auquel elle a survécu. Elle y a survécu mais avec de graves séquelles. Elle y a notamment perdu la voie. Elle a déposé  une plainte contre Kamel Daoud auprès du tribunal d’Oran au mois de novembre 2024, une autre en France, plus tard.

Saada Arbane a affirmé dans un entretien à une chaine de télévision algérienne qu’elle se reconnait dans le personnage décrit par Kamel Daoud dans son livre « Houris », y compris dans certains détails intimes qui n’étaient su que de son psychiatre, la femme de l’écrivain.

L’auteur de « Houris », qui signe une chronique au magazine « Le point », est aussi accusé d’avoir enfreint les dispositions de la loi portant  charte pour la paix et la réconciliation nationale, laquelle punit (article46) « d’un emprisonnement de 3 ans à 5 ans et d’une amende de 250 000 DA à 500 000 dinars , quiconque qui, par ses déclarations , écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de  la république, fragiliser l’Etat, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international. Les poursuites pénales sont engagées d’office par le ministère public(…) ».

L’émission des mandats d’arrêt internationaux contre Kamel Daoud interviennent au moment où les relations algéro-français sont considérablement détériorées, au bord même de la rupture. Elles se sont altérées depuis juillet 2024, période à laquelle la France a soutenu  officiellement et publiquement le plan marocain d’autonomie pour le Sahara Occidental. L’extrême droite et la droite françaises ont surfé sur cette altération pour aggraver la crise entre les deux pays.

L’arrestation, suivie de l’incarcération puis de la condamnation à 5 ans de prison ferme de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal ont ajouté de l’épaisseur au nuage qui a plané sur les relations entre Alger et Paris. L’Algérie est sans ambassadeur en France depuis juillet 2024. La France est sans ambassadeur en Algérie depuis la mi-avril 2025.