Le groupe algérien Cevital a essuyé ce jeudi 11 décembre un nouveau revers majeur avec la liquidation du fabricant français d’électroménager Brandt, qu’il détenait depuis 2014. Le tribunal des affaires économiques de Nanterre a acté la disparition du groupe centenaire, entraînant la suppression d’environ 700 emplois, malgré un projet de reprise en Scop soutenu par l’État et les collectivités.
Pour les autorités locales, la décision est un choc industriel.
« C’est une terrible nouvelle », a déclaré François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire, cité par l’AFP, rappelant que près de 20 millions d’euros d’aides publiques avaient été mobilisés pour tenter de sauver au moins 370 postes. Le gouvernement français avait lui aussi promis 5 millions afin de sécuriser le montage financier. Mais l’engagement des banques n’est jamais venu, condamnant l’offre de dernière chance.
Au-delà de l’impact social, la liquidation sonne comme un sérieux désaveu pour Cevital, longtemps présenté en Algérie comme le fer de lance d’une ambition industrielle mondiale. L’acquisition de Brandt en 2014 devait offrir au conglomérat une vitrine technologique en Europe et un réseau de production capable d’alimenter plusieurs marchés. Dix ans plus tard, l’aventure se termine dans l’impasse, symbolisant les limites d’une internationalisation inaboutie.
Ce naufrage s’ajoute aux échecs déjà retentissants du groupe à l’étranger. En Italie, le rachat de l’aciérie de Piombino — rebaptisée Aferpi — s’est soldé par un blocage industriel et financier, avant que les autorités italiennes ne reprennent la main. Au Brésil, les projets d’investissement de Cevital dans le minerai de fer, censés ouvrir un nouveau segment stratégique, n’ont jamais abouti, faute de conditions financières et opérationnelles réunies.
Cevital perd son principal ancrage industriel européen
En France, les syndicats dénonçaient depuis des mois un manque d’investissements et une stratégie floue. Le marché européen du gros électroménager, affaibli par la crise de l’immobilier, a accentué les difficultés, révélant l’incapacité de Cevital à moderniser les lignes de production et à repositionner les marques Brandt, Vedette, Sauter et De Dietrich.
Pour l’Algérie, la chute de Brandt constitue un signal préoccupant. Elle expose le décalage entre l’ambition internationale affichée par son plus grand groupe privé et les réalités de la gestion industrielle dans des environnements hautement concurrentiels.
Avec la fermeture programmée des usines de Vendôme et d’Orléans et du centre de services de Saint-Ouen-l’Aumône, Cevital perd son principal ancrage industriel européen. Un coup dur pour sa crédibilité internationale, alors que le groupe continue d’affirmer vouloir jouer un rôle majeur dans la réindustrialisation algérienne.