Plusieurs étudiants titulaires de visas d’études au Canada et plusieurs titulaires de visas d’immigration pour les États-Unis ont été empêchés de monter à bord de leurs vols par la Police aux frontières de l’aéroport d’Alger depuis le mois de février.
Le 19 février, Ayoub* se rend à l’aéroport pour embarquer sur un vol Lufthansa. Le jeune homme de 24 ans a en poche un visa d’études pour le Canada. Mais la police aux frontières l’empêche de passer. « Ils m’ont dit que je n’avais pas de Visa D, et que je ne pouvais pas sortir du territoire ».
Le visa D est un visa d’installation délivré pour les pays de l’Union européenne. Ainsi, l’un des amis d’Ayoub, titulaire d’un visa D, pour aller étudier en Roumanie, a pu prendre l’avion sans encombre. Le visa d’études pour le Canada s’appelle SW. Et c’est bien le nom du visa qui semble poser problème.
Ahmed*, lui, est titulaire d’un visa d’immigration pour les États-Unis, intitulé K1. Au mois de février, il a également été empêché de prendre un avion, parce qu’il n’avait pas de « visa D ». Il a du payer des frais pour modifier son billet d’avion. Comme pour les conjoints de ressortissants français, titulaires de visas intitulés C, la police aux frontières demande aux voyageurs d’obtenir une autorisation de sortie du territoire délivrée par le ministère de l’Intérieur.
« Nous avons fait nos demandes en ligne, raconte Ayoub. Nous n’avons obtenu aucune réponse. Nos visas deviennent invalides après trois mois. Au delà de perdre nos billets d’avions, nous risquons de perdre notre visa et cela menace nos études ».
L’inquiétude monte chez ces voyageurs qui ne comprennent pas pourquoi aucune communication officielle n’est faite, ni sur les délais, ni sur les conditions d’obtention, ce qui provoque des annulations successives de billets d’avion. D’autant que ce jeudi 11 mars, certains, ont reçu des décisions de refus d’accorder une autorisation de sortie du territoire. Melina*, 33 ans, est titulaire d’un visa long séjour pour le Canada, intitulé VRT. Informaticienne, elle a trouvé un travail et son contrat doit débuter au mois de mars.
Elle avait déposé une demande d’autorisation de sortie du territoire il y a trois semaines. « Le message sur la plate-forme m’a annoncé que mon dossier était rejeté, tout en me demandant de joindre une copie de mon contrat de travail, sans que le site ne me laisse ajouter ce document à ma demande, raconte la jeune femme. En plus, c’est un document qui m’avait déjà été demandé et que j’avais déjà envoyé ». Elle s’inquiète de perdre son emploi et sa possibilité de rejoindre le Canada. « Mon mari et moi devions partir ensemble. On a démissionné de nos emplois une fois nos visas obtenus. Le risque, c’est de se retrouver à rester sans emploi en Algérie ».
Contactée par Twala, le chargé d’affaires de l’ambassade des Etats Unis à Alger, Gautham Rana, a déclaré : « Nous vous orientons vers le gouvernement algérien pour les procédures de sortie des citoyens algériens ». L’ambassade du Canada en Algérie a déclaré ne pas avoir été informée de la situation.
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées.
Cet article a été modifié le 12 mars à 14h15 : ajout de la réaction de l’Ambassade du Canada en Algérie.