Les interventions d’avocats dans différents médias semblent avoir agacé le bâtonnier d’Alger, Mohamed Baghdadi. Dans un communiqué rendu public dimanche, le premier responsable du barreau de la capitale leur adresse un sévère « rappel à l’ordre ».
« Après avoir constaté, de manière répétée et continue, certains comportements contraires aux principes, règles déontologiques et professionnelles qui régissent l’exercice de la profession d’avocat, et face au développement rapide des moyens d’information et de communication, au premier rang desquels figurent les chaînes de télévision, la radio et les réseaux sociaux, sur lesquels apparaissent régulièrement plusieurs confrères sans respecter les procédures légales et les règles déontologiques en vigueur, je me trouve dans l’obligation de rappeler les dispositions légales et réglementaires applicables », écrit le bâtonnier.
Autorisation préalable
Selon lui, « l’exercice de la profession d’avocat est une mission régie par des traditions anciennes et des règles strictes visant à préserver la dignité de la profession et de ses praticiens, protéger les droits de la défense et garantir le bon fonctionnement de la justice ».
« Les apparitions dans les médias, sous toutes leurs formes, qu’il s’agisse de commenter des affaires, de participer à des programmes juridiques ou de donner des avis, sont soumises au contrôle de l’ordre des avocats et nécessitent l’autorisation préalable du bâtonnier », ajoute-t-il.
Poursuivant, Mohamed Baghdadi conditionne « toute apparition médiatique ou participation à des événements diffusés par les moyens d’information et de communication, y compris les plateformes numériques, à une demande d’autorisation écrite auprès du bâtonnier ».
« Cela afin d’assurer la maîtrise du discours juridique représentant la profession et de la protéger de tout débordement susceptible de nuire à sa réputation ou de porter atteinte aux secrets des justiciables, à l’indépendance de la justice ou au bon déroulement des procès », justifie-t-il.
Le bâtonnier demande, ce faisant, aux avocats de « cesser immédiatement de participer, à travers les médias de toute nature, à des débats politiques ou sociaux qui ne sont pas purement juridiques », sauf « s’ils sont officiellement engagés dans des organismes ou associations justifiant leur activité, et en leur seule qualité en tant que tels ».
Menace de mesures disciplinaires
« Le Conseil de l’Ordre n’hésitera pas à prendre les mesures disciplinaires nécessaires à l’encontre de toute personne qui enfreindrait les textes légaux et réglementaires encadrant la pratique professionnelle, en particulier le respect du contenu de cette note et sa mise en application », menace le bâtonnier.
Ce communiqué commence déjà à susciter des réactions. Sur sa page Facebook, l’ancien vice-président de la LADDH (dissoute), Saïd Salhi, dénonce une volonté de « réduire au silence les avocats » et de les « empêcher de s’impliquer dans les débats de société et d’assumer pleinement leur rôle d’élite engagée ».