Après six années passées derrière les murs de la prison militaire de Blida, l’ancien tout-puissant coordinateur des services de sécurité algériens, le général-major à la retraite Bachir Tartag, a recouvré la liberté après avoir purgé sa peine. Figure centrale du renseignement durant les dernières années du règne de Bouteflika, Tartag avait été condamné à six ans de réclusion pour « abus de fonction ».
Au cœur de sa condamnation, un faisceau d’affaires emblématiques de la fin de règne du clan Bouteflika, dont l’affaire dite « Mme Maya ». Derrière ce surnom, Zoulikha Nachinèche, une femme d’affaires qui prétendait être la fille cachée du président déchu. En juillet 2019, une perquisition spectaculaire dans ses villas de la résidence d’État à Moretti a permis la saisie de fortes sommes en dinars et en devises, ainsi que d’importantes quantités de bijoux.
Condamnée à douze ans de prison ferme pour corruption, trafic d’influence et blanchiment d’argent, Mme Maya avait accusé, lors de son procès, les services de sécurité de lui avoir confisqué illégalement une partie de ses biens lors de son arrestation. L’intervention de Tartag dans cette affaire, jugée illégale par la justice militaire, portait sur l’ouverture d’enquêtes hors du cadre judiciaire, par des ordres directs donnés à ses subordonnés. Un modus operandi qui s’était répété dans d’autres dossiers.
Parmi eux, celui des deux fils de Djamel Ould Abbès, ancien secrétaire général du FLN : El Wafi et Skander, cités dans une affaire de trafic d’influence en lien avec les élections législatives de 2017. Sur dénonciation du député Baha Eddine Tliba, ils avaient été arrêtés puis relâchés, sur ce qui fut présenté comme une « instruction administrative. Le troisième volet concernait une députée FLN de Boumerdès, interpellée avec une somme importante d’argent, dans le cadre de l’achat présumé de sièges électoraux.
Au procès de Tartag, ce n’est pas tant la volonté affichée de lutter contre la corruption qui fut jugée, mais la manière. Le contournement des institutions judiciaires, l’instrumentalisation des services pour des actions hors cadre, et la mise sous le boisseau d’enquêtes pourtant explosives. Ces affaires, longtemps tues, avaient été rouvertes dans le sillage du séisme politique provoqué par la chute de Bouteflika, en 2019, et les révélations en cascade sur les réseaux de prédation à l’œuvre au sommet de l’État.
Il faut rappeler que Bachir Tartag avait été auparavant acquitté dans une autre affaire : celle du présumé complot contre l’autorité de l’armée, dans laquelle il avait comparu aux côtés du général Mohamed Mediène, dit « Toufik », et de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs.