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Le SILA fait de la mémoire le pilier de sa 28ᵉ édition


Alger s’apprête à accueillir, du 29 octobre au 8 novembre 2025, la 28ᵉ édition du Salon international du livre d’Alger (SILA), rendez-vous majeur de la scène culturelle algérienne. Dans un pays où le livre demeure un enjeu de société, l’événement, organisé par le ministère de la culture et des arts, se veut un miroir de son époque, entre mémoire nationale, solidarité avec la Palestine et ouverture vers le monde arabe, avec la Mauritanie comme invitée d’honneur.

Cette année, la Mauritanie est l’invitée d’honneur du salon, tandis qu’un espace spécial est consacré à la Palestine, témoin de la fidélité du SILA à cette cause culturelle et symbolique. L’« Espace Palestine Ghassan Kanfani » accueillera débats, lectures et hommages autour de la littérature de résistance et du rôle des écrivains face à l’oppression. Des figures de la poésie arabe contemporaine y rappelleront combien la langue, le verbe et la culture peuvent constituer des formes d’existence et de survie.

Mémoire nationale

Le programme culturel réserve une large place à la mémoire algérienne. À travers des conférences sur la sauvegarde du patrimoine, la transmission des manuscrits ou l’héritage des écrivains de la guerre de libération, le salon se fait le relais d’une réflexion sur la continuité historique. L’idée est que la mémoire ne se limite pas à la commémoration mais s’ouvre à la réinvention du récit national.

Dans le même esprit, plusieurs hommages seront rendus à des figures importantes des lettres algériennes. Les débats porteront sur la place du roman dans la société, la langue comme outil d’émancipation et la création comme espace de liberté.

Le SILA se veut ainsi un espace de dialogue interculturel. Dans les salles de conférences baptisées du nom de figures emblématiques -Assia Djebar ou Esprit du Panaf Franz Fanon- se succéderont des rencontres autour de la traduction, de la circulation des idées et des nouvelles pratiques de lecture.

Les mutations technologiques, l’essor du numérique et les bouleversements induits par l’intelligence artificielle dans le monde de l’édition seront également discutés.

Au-delà des grands débats, l’événement – et c’est un point qui mérite d’être salué- garde une attention pour les jeunes lecteurs. Le pavillon des enfants (Ahaggar) proposera dix jours d’ateliers d’écriture, de dessin et de théâtre pour initier la jeunesse au plaisir de lire, dans une société où le lien au livre reste fragile. Des éducateurs et auteurs animeront des rencontres sur la lecture numérique, la bande dessinée ou la littérature de jeunesse.

L’Algérie, carrefour de civilisations

Le 4 et 5 novembre, le Palais de la culture Moufdi Zakaria accueillera le Forum international “L’Algérie dans la civilisation”, qui réunira chercheurs et universitaires venus d’Afrique, d’Europe et du monde arabe. Ce colloque ambitionne de replacer l’Algérie dans le concert des nations par la richesse de son patrimoine et la diversité de ses influences.

En effet, le dialogue entre disciplines — philosophie, histoire, arts — vise à montrer que la culture algérienne n’est pas seulement mémoire du passé, mais force de proposition dans le présent. En filigrane, l’idée revient d’une Algérie ouverte, multiple, ancrée dans la Méditerranée et tournée vers l’Afrique.

Si les stands des éditeurs, les ventes et les dédicaces demeurent au cœur du dispositif, ce sont les débats qui donnent le ton à cette 28ᵉ édition. L’absence des Éditions Koukou, connue pour ses essais politiques engagés, rappelle aussi les tensions entre certaines maisons d’édition et l’organisation du salon. Leur retrait n’est pas anodin. Il rappelle que derrière les discours sur la liberté culturelle, il reste des lignes rouges à ne pas franchir.