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Les comptes d’El Watan gelés


Le journal El Watan fait face à la pire situation  financière qu’il a eu à connaitre depuis son lancement en 1990. Privé de l’aide de l’Etat à la presse distribuée sous forme d’annonces légales, il éprouve de plus en plus de difficultés à équilibrer sa trésorerie.

Son étouffement financier est d’autant plus fort qu’il n’a pas pu payer dans leurs totalités les salaires du mois de mars, en raison du blocage de ses comptes depuis le 9 mars 2022,  à la suite d’un découvert bancaire de l’ordre de 70 millions de dinars et d’une dette fiscale de 26 millions de dinars.

En effet, la situation est intenable pour ce journal, notamment dans une conjoncture politique et économique défavorables à l’émancipation de la presse papier en général et des journaux privés en particulier, du moins beaucoup d’entre eux. Aussi, si le gel des comptes de l’entreprise venait-il à durer davantage dans le temps, la faillite serait inévitable, ce qui la contraindrait à mettre la clef sous le paillasson.

Cette situation, El Watan l’a appréhendé depuis qu’il enchaine des bilans négatifs. En 2019,  il a comptabilisé un déficit de 5,97 millions de dinars pour un chiffre d’affaires de 481,88 millions de dinars. Les charges du personnel ont été fortes de 210,66 millions de dinars. En 2020, sa comptabilité ne s’est pas mieux portée. Le résultat a été également négatif, à hauteur de 358, 24 millions de dinars pour un chiffre d’affaires de 334,17 millions de dinars et des charges salariales de 188,63 millions de dinars.

Ainsi, El Watan a tenté de négocier le départ « volontaire » d’une vingtaine d’employés, en septembre 2021, mais s’est finalement rétracté après le refus de la section syndicale de valider ce choix. Réélue le 13 avril dernier pour un nouveau mandat, la section syndicale a aussitôt convoqué une assemblée extraordinaire pour débattre du devenir du plus important tirage de la presse nationale.

Intervenant lors de cette assemblée, le PDG d’El Watan, Mohamed Tahar Messaoudi, a affirmé œuvrer à « redresser » la situation afin d’« assurer la pérennité du titre ». «Malgré toutes les difficultés que nous subissons,  El Watan continuera à lutter pour l’indépendance de sa ligne éditoriale, a-t-il déclaré. « Nous trouverons, ensemble, les solutions nécessaires pour assurer la survie du titre », a-t-il ajouté, laissant entendre qu’un plan de restructuration de l’entreprise pourrait être négocié prochainement avec le partenaire social.

Contrairement à Liberté qui vient de disparaître, El Watan est majoritairement détenu par un collectif d’une vingtaine de journalistes et dispose encore d’actifs qui lui garantissent une certaine solvabilité.