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Les travailleurs d’El Watan entament leur 12e mois sans salaires


Dans un petit mois, les travailleurs du journal El Watan, tous services confondus, boucleront une année sans percevoir leurs salaires. Protestant contre cette situation, qui n’a que trop duré, ils sont en grève depuis plus de 4 mois. Et le conflit entre les salariés et leur employeur n’est pas près de connaître son épilogue.

Entre le syndicat d’entreprise et la direction d’El Watan, les contacts sont rompus depuis un bon bout de temps. Les propriétaires du journal ont mal pris que les travailleurs déclenchent une grève illimitée. Ils ont repris la publication du journal après une journée de non-parution, s’appuyant sur des actionnaires retraités et leurs enfants employés de l’entreprise qui se sont désolidarisés de leurs collègues.

La direction d’El Watan, contestant la légalité de la grève, a recouru à la justice, dans l’espoir que cette dernière la déclare illégale. Coup raté. Le jeudi 26 janvier 2023, la justice rend sa décision : la requête des patrons est rejetée. Autrement dit, la grève des travailleurs est tout ce qui a de légal.

Une bataille de gagnée pour les salariés. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres : il reste pour les salariés à obtenir le versement de leurs salaires. La direction d’El Watan poursuit de justifier « son incapacité » à verser leurs dus aux employés par le fait que les comptes de l’entreprise soient bloqués du fait de la double action de la banque et de l’administration fiscale.

Les comptes de l’entreprises ont, en effet, été bloqués depuis le mois de mars 2022. Depuis, aucun mouvement de comptes n’était possible. Mais les choses peuvent se débloquer, après que le journal soit revenu dans les bonnes grâces du pouvoir. El Watan est redevenu, depuis peu, un client de l’ANEP et a donc « sa part » de publicité institutionnelle.

A en croire des sources proches de la direction du journal, un compromis a été trouvé avec l’administration fiscale qui, finalement, aurait accepté d’établir un échéancier de paiement. Ce retour progressif à la normale pour El Watan ne signifie pas, cependant, la fin de la crise qui couve en son sein.

Avant la rupture du dialogue, la direction d’El Watan et le syndicat d’entreprise avaient conclu un accord autour d’un éventuel plan social, qui prévoit entre autres des indemnités de départs dans le cadre d’une compression d’effectifs. L’application de cet accord pourrait poser problème si les deux parties ne reprennent pas langue, si l’employeur ne verse pas d’abord les salaires.