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L’ex-patron de la DGSE, Bernard Bajolet mis en examen


L’ancien ambassadeur de France en Algérie et ancien patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Bernard Bajolet, risque, si ce n’est déjà le cas, de sérieux déboires judiciaires.

Accusé de complicité de tentative d’extorsion envers un homme d’affaire franco-suisse, Bernard Bajolet a été mis en examen en octobre 2022, a confirmé le journal français le Figaro.

A la tête de la DGSE entre 2013 et 2017, Bernard Bajolet a été aussi mis en examen pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique, a ajouté la même source.

Les faits reprochés à l’ancien patron de la DGSE remontent à 2016. Un homme d’affaires franco-suisse, Alain Duménil, a accusé le service de renseignement français d’avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l’argent.

Alain Duménil, qui est impliqué dans de nombreux litiges commerciaux et de d’affaires judiciaires, a été interpellé en 2016 à l’aéroport parisien de Roissy, alors qu’il s’apprêtait à embraquer pour Genève.

Contrôlé par des policiers de la PAF, au niveau du comptoir d’Air France, il est conduit dans un poste de police dans lequel, selon le récit d’une source proche du dossier, rapporte le Figaro, se sont invités deux agents en civil de la DGSE.

Les deux agents de renseignement, ajoute la même source, lui ont signifié qu’il devait rembourser 15 millions d’euros au Trésor français. Ils lui ont fait savoir que, pour ce faire, il doit demander à son conseil d’entrer en contact avec un avocat pour déterminer les modalités d’éponger de ses dettes.  

Selon la même source, les deux agents ont appuyé leur requête par des menaces, en lui montrant notamment des photos de lui et de sa famille prises en Angleterre et en Suisse.

Réagissant à ces menaces, Alain Duménil a annoncé qu’il allait porter plainte. Les deux agents de la DGSE quittent alors le local de la police. Et les choses ne se sont pas arrêtées là.

L’affaire a fini par rattraper l’ex-patron de la DGSE qui a été mis entendu et mis en examen en octobre 2022. Aux juges, il a expliqué « avoir validé le principe d’une entrevue à l’aéroport mais ne pas être entré dans les détails de sa mise en œuvre ».

Les avocats de l’homme d’affaires, Me Nicolas Huc-Morel et William Bourdon ont commenté cette mise en examen en affirmant à l’AFP que « c’est une avancée qui est attendue de longue date, qui n’est pas encore un aboutissement final, mais qui très clairement remet en cause des pratiques de la DGSE dans le cadre du traitement de cette affaire ».

Bernard Bajolet a été ambassadeur de France en Algérie à deux reprises. Une première fois de 1978 à 1981 et une seconde fois de 2006 à 2008. Ses déclarations sur l’Algérie n’ont pas toujours été faites pour plaire.

En 2018, alors qu’il était à la retraite, dans un entretien au Figaro il avait soutenu que « le président Bouteflika, avec tout le respect que j’éprouve pour lui, est maintenu en vie artificiellement, et rien ne changera dans cette période de transition ».