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Mali : l’enquête de l’ONU révèle une bavure française lors du bombardement du village de Bounti


Les enquêteurs de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) ont conclu dans un rapport publié mardi 30 mars que la force militaire française de l’Opération Barkhane a bombardé « un rassemblement composé très majoritairement de civils », le 3 janvier 2021 au village de Bounti dans le cercle de Douentza. Ces individus étaient rassemblés pour célébrer un mariage.

« Au terme de l’enquête, la Mission des Nations unies au Mali est en mesure de confirmer la tenue d’une célébration de mariage qui a rassemblé sur les lieux de la frappe une centaine de civils parmi lesquels 5 personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma », note le rapport dès la première page.

Le bombardement de Bounti a entrainé la mort de 22 personnes, « 19 l’ont été directement par la frappe dont 16 civils tandis que les trois autres civils ont succombé des suites de leurs blessures au cours de leur transfèrement pour des soins d’urgence. Au moins huit autres civils ont été blessés lors de la frappe. Les victimes sont tous des hommes âgés de 23 à 71 ans dont la majorité habitait le village de Bounty », ajoute le communiqué.

L’équipe d’enquêteurs n’a constaté sur le lieu de l’incident « aucun élément matériel qui aurait pu attester de la présence d’armes ou de motos ».

À peine quelques heures après la publication du rapport, le ministère des Armées français a contesté les résultats du document onusien, estimant que les « forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel ».

La France a émis même des réserves sur la méthodologie de l’enquête. « Les seules sources concrètes sur lesquelles se fonde ce rapport relèvent de témoignages locaux. Ils ne sont jamais retranscrits, l’identité des témoins n’est jamais précisée tout comme les conditions dans lesquelles ces témoignages ont été recueillis. Il est dès lors impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d’éventuels sympathisants terroristes ou d’individus sous influence (y compris la menace) des groupes djihadistes. ».

Il est à noter que Paris n’a pas ouvert d’enquête suite au bombardement de Bounti et n’a pas rendu public le moindre élément des frappes.