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Maroc: plusieurs journalistes grâciés


Quatre figures emblématiques du journalisme et de la pensée critique au Maroc, longtemps incarcérées ou poursuivies par la justice, ont été graciées lundi 30 juillet par le roi Mohammed VI, une décision saluée par de nombreuses organisations de défense des droits humains.

Parmi eux, Omar Radi, journaliste arrêté en 2020, a exprimé sa reconnaissance à sa sortie de prison. Aux abords du centre de détention de Tiflet, situé à une soixantaine de kilomètres à l’est de Rabat,  Radi a souligné l’importance de cette mesure pour « apaiser l’espace public marocain », se réjouissant que d’autres détenus dans des situations similaires aient également été libérés.

Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, trois journalistes réputés critiques à l’égard du pouvoir, avaient tous été accusés d’agressions sexuelles, des accusations qu’ils ont toujours rejetées, les percevant comme une tentative de les réduire au silence en raison de leurs prises de position. Les autorités marocaines, quant à elles, ont toujours affirmé que les condamnations n’étaient liées qu’à des crimes de droit commun, sans rapport avec la liberté d’expression ou leur métier de journaliste.

Un responsable marocain a précisé  aux médias que ces grâces s’inscrivaient dans le cadre plus large des 2476 personnes bénéficiant de la grâce royale à l’occasion de la fête du trône, célébrée mardi, qui marque les 25 ans de règne de Mohammed VI. Hicham Mellati, directeur des Affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice, a déclaré que « la Grâce Royale se distingue par son caractère profondément humain ». Omar Radi et Soulaimane Raissouni avaient été respectivement condamnés à six et cinq ans de prison en 2020, tandis que Taoufik Bouachrine, incarcéré depuis 2018, avait écopé de quinze ans de réclusion.

La Cour de cassation avait confirmé leurs condamnations, rejetant leurs pourvois en appel. Radi était en outre accusé d’espionnage, ce qu’il a toujours nié. Maâti Monjib, historien et défenseur des droits humains franco-marocain, figure également parmi les graciés. Condamné en 2021 à un an de prison pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État », il faisait par ailleurs l’objet d’une enquête pour « blanchiment de capitaux » depuis 2019, ce qui lui avait valu trois mois de détention préventive avant d’obtenir une liberté provisoire après une grève de la faim. 

Amnesty International et Human Rights Watch, parmi d’autres organisations, avaient à maintes reprises plaidé pour la libération de ces quatre hommes, dénonçant les accusations portées contre eux comme étant des outils de répression utilisés par les autorités marocaines pour faire taire les voix critiques.

Le Maroc se classe à la 129e place sur 180 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, reflétant les difficultés persistantes rencontrées par les journalistes dans l’exercice de leur métier.

Outre ces quatre personnalités, d’autres journalistes et militants, tels qu’Imad Stitou, Hicham Mansouri et Saida El Alami, ont également bénéficié de la clémence royale.