Le procureur de la République de Nouakchott-ouest a entamé hier le 9 mars 2021 les auditions des personnalités soupçonnées de corruption et de détournements de biens publics dans l’enquête sur les années au pouvoir de l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz (2008 et 2019).
La commission d’enquête parlementaire chargée de mettre la lumière sur la gestion des dossiers économiques sous la présidence Ould Abdel Aziz a commencé ses travaux en février 2020.
Le rapport final de cette commission identifie des dérapages liés à des détournements de biens publics, de corruption et d’attribution irrégulière d’au moins 109 marchés publics estimés à plus d’un milliard de dollars qui concerne les secteurs du transport, des infrastructures aéroportuaires, du foncier et des énergies renouvelables. Ce rapport de 800 pages s’appuie sur plus 300 interrogatoires et des informations collectées par la police de lutte et de répression des crimes économiques.
Le procureur de la République de Nouakchott-ouest a déjà auditionné d’anciens ministres, des fonctionnaires et des directeurs d’entreprises citées dans ces affaires.
Pour l’instant, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a refusé toutes les convocations d’auditions par les enquêteurs, la cellule de la police économique et du Parlement, mettant en avant son immunité d’ancien chef de l’État et l’article 92 et 93 de la Constitution mauritanienne.
Il considère que c’est un règlement de compte déclarant être « victime d’une vendetta politique » menée par le régime de son successeur, Mohamed Ould Ghazouani, au pouvoir depuis le 1 août 2019, et son ancien ministre de la défense.
En septembre dernier, le procureur de la République de Nouakchott-Ouest a interdit à Mohamed Ould Abdel Aziz de quitter la capitale durant l’enquête en cours.
C’est la première fois dans l’histoire de la Mauritanie qu’un Président de la République fait l’objet d’une enquête pour corruption et prévarication de biens publics.