Dans la nuit du 13 au 14 février, les forces armées maliennes (FAMa), soutenues par la milice russe Wagner, ont engagé des frappes de drone sur la petite localité de Talhandak, au nord de la ville de Tessalit, à quelques kilomètres de la frontière algérienne.

Les frappes ont fait au moins sept morts de nationalités tchadienne et nigérienne et plusieurs personnes ont été gravement blessées, selon le communiqué du Cadre stratégique permanent (CSP), la plus importante coalition des mouvements politiques et militaires du Nord Mali, formée le 6 mai 2021, dont plusieurs membres étaient signataires de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger (2014-2015).

Une vidéo filmée par des combattants du CSP montre l’étendue de la déflagration de l’explosion. Selon un témoignage d’un citoyen du Nord recueilli par Twala, « les corps des personnes décédées ont été retrouvés sous les décombres. L’explosion visait à détruire la capacité de ravitaillement des villes du Nord. »

Talhandak est un lieu important de la contrebande au Nord Mali. La majorité des produits de première nécessité venant d’Algérie (semoule, huile, pâtes, essence…etc.) arrivent par les pistes qui relient Timiaouine à Talhandak avant de rejoindre les villes du Nord. Talhandak est également le lieu de vie de plusieurs migrants de diverses nationalités qui travaillent dans les mines d’or artisanal de la région.

Quelques jours avant cette attaque, une frappe de drones des FAMa et de leurs alliés Wagner avaient tué quatre enfants sur le site des déplacés de Timtaghen à Tessalit.

La junte malienne mène depuis l’été dernier une véritable opération militaire de reconquête au Nord qui a culminé avec la bataille de Kidal, fief symbolique de la rébellion, aux mains des FAMa et du général Ag Gamou, un Touareg loyaliste désormais nouveau gouverneur de la région.

Le Nord Mali a été contrôlé depuis une décennie par divers mouvements d’anciens rebelles et des groupes extrémistes affiliés à al-Qaïda et à l’État islamique.  

Les drones de tir utilisés par les FAMa sont de fabrication turque, tandis que Wagner accompagne ce travail par des drones de renseignement. L’entrée en jeu des « drones » dans la contre-insurrection a donné un avantage comparatif considérable aux forces maliennes.

Les exactions humaines commises par les FAMa et surtout les paramilitaires russes ont fait fuir des milliers d’individus vers l’Algérie et la Mauritanie.

Les frappes des FAMa et leurs alliés de Wagner touchent des lieux de plus en plus prpches des frontières de l’Algérie. Ces développements inquiétants n’ont pour l’instant pas suscité de communication officielle par les autorités algériennes.