Réunis à Rome à l’occasion du cinquième sommet intergouvernemental, l’Algérie et l’Italie ont signé une quarantaine d’accords couvrant des secteurs tels que l’énergie, l’industrie, l’agriculture, la formation, la culture, les télécommunications, l’environnement et la sécurité. Ce sommet, appuyé par un Forum d’affaires a réuni plus de 400 entreprises des deux pays.
Lors de la cérémonie de clôture, le président Abdelmadjid Tebboune a salué des relations « exemplaires », soulignant l’importance de ce nouveau corpus d’accords. Le cœur énergétique du partenariat a été symbolisé par la signature d’un protocole d’accord entre Sonatrach et ENI, visant à renforcer la sécurité d’approvisionnement et à accompagner la transition énergétique. Ce protocole prévoit la prolongation des contrats gaziers expirant en 2027 et le lancement de nouveaux investissements en amont. Objectif affiché : porter la production de gaz à 5,5 milliards de m³ par an à l’horizon 2028, avec un investissement global dépassant les 8 milliards de dollars.
Ce nouvel accord s’inscrit dans le prolongement du contrat de partage de production signé le 7 juillet 2025, d’une valeur de 1,35 milliard de dollars, portant sur le périmètre de Zemoul El Kbar, dans le bassin de Berkine. Selon le communiqué conjoint, l’accord étend aussi la coopération aux énergies renouvelables et à l’hydrogène vert. Giorgia Meloni a salué cette coopération, la plaçant au cœur de l’ambition italienne de devenir « un hub énergétique en Méditerranée » et de sécuriser « un approvisionnement constant en gaz naturel pour l’Europe ».
Câble sous-marin
L’industrie lourde n’est pas en reste. Un protocole d’accord d’une valeur estimée à un milliard d’euros a été signé entre CEIP Scarl (Consortium électro-sidérurgique italien) et Copresud. Il pose les bases d’une chaîne d’approvisionnement bilatérale en acier pré-réduit, avec pour première étape la construction d’une usine en Algérie. Le projet est appuyé par le groupe Duferco et inclut l’intégration progressive des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert dans les procédés de fabrication, en ligne avec les objectifs européens de décarbonation.
Le sommet a également été marqué par la volonté de construire des ponts dans les domaines de la formation et du transfert technologique. Un accord a été signé entre ICE (Agence italienne pour le commerce) et Sonarem pour la création d’un centre technologique de formation au travail de la pierre près d’Oran. Entièrement financée par l’Italie, cette école sera animée par des formateurs italiens, tandis que l’Algérie assurera la logistique.
Dans le domaine industriel, la société italienne Sigit Spa a signé deux accords: l’un avec ACS Holding Algérie pour l’ouverture d’une usine à Sétif destinée à produire des composants automobiles ; l’autre avec le groupe Madar, pour ériger à Tissemsilt un EcoParc Enrico-Mattei, pôle intégré de production industrielle.
Le secteur des télécommunications se renforce également avec un projet de câble sous-marin reliant l’Italie et l’Algérie, mené par Telecom Italia Sparkle et Algérie Télécom, qui vise aussi à développer des centres de données et des programmes de formation numérique.
Sur le plan environnemental, Stemin et Condor uniront leurs forces pour créer un pôle dédié à la récupération et au recyclage de ferraille.
Le domaine agroalimentaire bénéficie aussi de ce partenariat : CFT fournira des équipements à l’entreprise Labelle, tandis que Rossi Ingegneria Alimentare accompagnera le lancement d’une ligne de production de conserves. Dans la pharmacie, les groupes Chiesi et Menarini–Stemline ont conclu des accords avec le groupe Clinica pour l’introduction de traitements contre les maladies rares et l’oncologie.
Plan Mattei
À travers ces multiples signatures, Alger et Rome affirment leur attachement à la mise en œuvre concrète du Plan Mattei, avec un accent particulier sur la souveraineté alimentaire, la formation agricole et l’innovation rurale. La création du centre Enrico Mattei à Sidi Bel Abbès, dédié à la recherche et à la formation dans le domaine agro-industriel, s’inscrit dans cette logique.
Dans leur déclaration conjointe, reprise par l’agence italienne Nova, les deux gouvernements se sont « félicités du niveau exceptionnel de coopération dans le secteur de l’énergie » et ont réaffirmé leur engagement à promouvoir une transition énergétique ambitieuse, en mettant l’accent sur l’hydrogène vert et les interconnexions comme le South H2 Corridor et Medlink, projet d’interconnexion électrique entre les deux rives.
Les deux parties ont également signé des mémorandums d’entente dans les domaines de la poste et des télécommunications, de la protection et de la promotion des droits des personnes à besoins spécifiques, des secours et de la lutte contre les incendies, et de la recherche et du sauvetage en mer.
Un mémorandum d’entente a aussi été signé entre l’Agence italienne pour l’attraction des investissements et le développement des entreprises (Invitalia) et l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), de même qu’un accord de coopération en matière de lutte antiterroriste et une déclaration conjointe dans le domaine de la défense.