Le procès du journaliste Saad Bouakba s’est tenu ce jeudi 4 décembre 2025 devant le tribunal de Bir Mourad Raïs. À l’issue des plaidoiries, le représentant du ministère public a requis cinq ans de prison ferme à son encontre. Jugé dans la même affaire, le propriétaire de la web TV « Vision TV News », Haraoui Abderrahim, s’est vu, lui, requérir une peine de deux ans ferme.
Doyen des journalistes algériens encore en exercice, Saad Bouakba, âgé de 79 ans, a comparu en tant que détenu, alors que Haraoui Abderrahim s’est présenté libre à la barre. Le procès a mobilisé plus d’une trentaine d’avocats qui se sont constitués pour défendre la cause du journaliste. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, y était présente pour lui témoigner sa solidarité.
Le journaliste répondait du chef d’inculpation de « délit d’outrage et de diffamation, commis avec l’usage des technologies de l’information et de la communication, à l’encontre de symboles de la révolution de libération nationale, ainsi que du délit de diffusion et de promotion intentionnelle, par tous les moyens, d’informations fallacieuses et biaisées auprès du public, conformément aux articles 148 bis 1, 133 bis 6 et 196 bis du code pénal », selon un communiqué du parquet.
Le gérant de « Vision TV News » est, pour sa part, inculpé de « délit de participation au délit d’outrage et de diffamation commis avec l’usage des technologies de l’information et de la communication, à l’encontre des symboles de la révolution nationale, conformément aux articles 42 et 148 bis 1 », selon le parquet.
Saad Bouakba et Haraoui Abderrahim ont été interpellés le jeudi 27 novembre 2025. Présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs, qui les a déférés devant le juge instructeur, ils ont été placés sous mandat de dépôt pour le premier et sous contrôle judiciaire pour le second. Des scellés ont été posés aux locaux de « Vision TV News ».
Un podcast à l’origine de la poursuite judiciaire
Ce qui a conduit les deux hommes devant la justice, c’est un podcast diffusé par la web TV et dans lequel Saad Bouakba a affirmé que des dirigeants de la révolution, dont l’ancien président Ahmed Ben Bella, s’étaient partagé le trésor du FLN. Une affirmation qui a fait réagir la fille du défunt président, Mme Mahdia Ben Bella, qui a déposé plainte, soutenue par le ministère des Moudjahidine, qui s’est porté partie civile.
L’emprisonnement de Saad Bouakba a soulevé un tollé d’indignation et de dénonciations. Plusieurs voix se sont élevées pour dire que la place d’un journaliste n’est pas en prison, soulignant, à juste titre, que les faits relevant de l’histoire se débattent dans les livres et les tribunes, notamment médiatiques, et non devant les tribunaux. La toile s’est également enflammée pour réclamer la remise en liberté du journaliste.
La forte mobilisation de l’opinion en faveur du journaliste détenu semble avoir amené la plaignante à réfléchir, celle-ci s’étant déclarée prête à retirer sa plainte si Saad Bouakba venait à exprimer ses regrets et à demander pardon. Du moins, c’est ce que les avocats de la partie civile ont fait savoir.