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Sahara occidental : une prorogation de mandat sous tension au Conseil de sécurité


Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté, le 31 octobre, la résolution 2797 (2025) prorogeant jusqu’au 31 octobre 2026 le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Présenté par les États-Unis, le texte a obtenu onze voix favorables, tandis que la Chine, la Fédération de Russie et le Pakistan se sont abstenus. L’Algérie, comme l’année précédente, a refusé de participer au vote, dénonçant un texte qu’elle juge contraire à la doctrine onusienne de décolonisation.

La résolution réaffirme son appui aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel, Staffan de Mistura, pour parvenir à une solution politique « juste, durable et mutuellement acceptable ». Mais elle précise que ces négociations doivent s’appuyer sur le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007, présenté comme la base d’un règlement définitif. Le texte considère qu’une autonomie sous souveraineté marocaine serait « une solution des plus réalistes », reléguant ainsi au second plan la perspective d’un véritable référendum d’autodétermination, pourtant à l’origine du mandat de la MINURSO.

L’Algérie a longuement motivé sa non-participation, reprochant au texte de s’éloigner de la doctrine des Nations Unies en matière de décolonisation. Selon Alger, le peuple du Sahara occidental se voit toujours refuser le droit de décider de son avenir. Dénonçant un cadre de négociation « étriqué », l’Algérie a estimé que la résolution consacre les ambitions territoriales d’une partie tout en passant sous silence les aspirations légitimes du peuple sahraoui. Elle a en outre regretté l’absence de prise en compte des propositions du Front POLISARIO, tout en alertant sur les « interrogations juridiques sérieuses » que suscite un tel texte.

Le principe d’autodétermination relégué au second plan

La Fédération de Russie a abondé dans le même sens, dénonçant « une démarche de cowboys » de la part des États-Unis, accusés de transformer le Conseil de sécurité en instrument d’une stratégie nationale. Pour Moscou, le texte politise un processus qui devrait rester fondé sur les résolutions antérieures du Conseil et sur le respect scrupuleux du droit international. La Russie a néanmoins choisi de s’abstenir pour ne pas bloquer la prorogation du mandat de la MINURSO et permettre la poursuite du dialogue. La Chine et le Pakistan ont, eux aussi, exprimé leurs réserves face à un texte « déséquilibré », rappelant que toute solution doit s’appuyer sur la Charte des Nations Unies, les principes de souveraineté égale et la doctrine onusienne de décolonisation.

À l’inverse, les États-Unis ont salué une résolution « historique », censée ouvrir une ère de paix et de prospérité dans la région. Ils affirment que le texte reflète la détermination du Président Trump à soutenir le plan d’autonomie marocain comme seule base d’une solution politique. La France a été plus explicite encore, déclarant que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Cette position, tout comme celle du Royaume-Uni, traduit la volonté de plusieurs puissances d’imposer une lecture pragmatique du conflit, au risque d’affaiblir le cadre multilatéral qui régit les processus de décolonisation.

La Slovénie, la République de Corée et le Danemark ont rappelé, plus prudemment, que toute solution devra tenir compte du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Le texte insiste par ailleurs sur la nécessité de maintenir le cessez-le-feu, d’éviter tout acte compromettant le processus politique et de renforcer l’aide humanitaire aux réfugiés sahraouis, dont la situation financière demeure préoccupante.

En conclusion, la résolution 2797 réaffirme l’engagement du Conseil de sécurité à poursuivre la recherche d’une solution politique au Sahara occidental, tout en entérinant de facto la centralité du plan d’autonomie marocain dans le processus onusien. Si le texte est salué par les alliés de Rabat comme un pas vers la stabilité régionale, il demeure, pour l’Algérie, une entorse à l’esprit de la décolonisation et un précédent préoccupant pour le droit international et du principe d’autodétermination.