Ce n’est pas un nouveau gouvernement que propose Sifi Ghrieb mais juste un léger lifting de celui dont il a hérité de Nadir Larbaoui. La plupart des portefeuilles régaliens sont restés aux mains de leurs anciens titulaires. Le gouvernement Ghrieb compte tout juste 7 nouveaux arrivants.
Sifi Ghrieb ne pouvait raisonnablement présenter la liste d’un gouvernement totalement nouveau ou une copie profondément remaniée de celui sortant en un laps de temps très court. Entre le moment où il est confirmé dans ses fonctions de Premier ministre et chargé de former un gouvernement, il ne s’est écoulé que quelques heures.
Et même le temps pris pour concocter ce remaniement du gouvernement Larbaoui, léger soit-il, est très court. Pour finaliser une telle opération, les Premiers ministres prennent généralement quelques jours, voire des semaines quant les postes ministériels sont négociés.
La célérité avec laquelle la copie de Sifi Ghrieb a été proposée au chef de l’Etat, examinée, validée et publiée laisse supposer que la liste a été préparée et finalisée auparavant, dans l’intervalle de l’intérim assuré par Ghrieb, et il ne restait qu’à formaliser son annonce. Ce qui est fait aujourd’hui. À moins que le nouveau locataire du Palais du gouvernement a des capacités de travail et de persuasion insoupçonnées.
Un gouvernement de continuité
En reconduisant la plupart des ministres qui officiaient à la tête de département régaliens dans l’exécutif coordonné par Nadir Larbaoui, le nouveau Premier ministre n’affiche pas une vocation à enfourcher une nouvelle politique gouvernementale, encore moins celle d’une rupture.
Hormis Brahim Merad qui cède le ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, devenu ministère de l’Intérieur, des collectivités locales et du Transport dans le nouveau gouvernement, à Saïd Sayoud, le reste des ministres régaliens sont maintenus en poste.
Mohamed Arkab est maintenu ministre d’Etat, ministre des hydrocarbures et des mines, Ahmed Attaf garde le portefeuille des Affaires étrangères, Lotfi Boudjemaa reste garde des sceaux, Abdelkrim Bouzerd se maintient au Finances, Mohamed Seghir Saadaoui prolonge à la tête du secteur de l’éducation et Kamel Beddari reste à l’Enseignement supérieur.
Il n’y a pas de changement pour le secteur du commerce extérieur et de la promotion des exportations non plus. Le secteur reste aux mains de Kamel Rezig, l’inamovible. Brahim Merad reste aussi à un poste prépondérant. Il est nommé ministre d’Etat chargé de l’inspection générale des services de l’Etat et des collectivités locales. Le général d’armée Saïd Chanegriha est reconduit dans ses fonctions de ministre délégué auprès du ministère de la défense nationale et chef d’état-major de l’ANP.
Commerce extérieur: cap maintenu sur la régulation
Le maintien en poste de Kamel Rezig, le ministre du Commerce extérieur et de la promotion des exportations, signifie qu’en matiére de commerce extérieur le cap sera maintenu. Maintenu même si la méthode Rezig fait des mécontents parmi les opérateurs qui se plaignent des procédures qui altèrent les rythmes de production.
La soumission des opérations d’importation à la présentation préalable d’un programme prévisionnel d’importation (PPI) a généré des retards en approvisionnements en intrants et en équipements. Le département de Rezig a dû se contraindre à des dérogations pour éviter que la machine économique ne soit bloquée.
Le contrôle sur les importations sera maintenu, sans nul doute, à présent que son concepteur est resté aux commandes. Les opérateurs qui ont espéré un assouplissement des procédures mises en place par Rezig ont dû déchanter.
Le contrôle sera sûrement aussi renforcé pour le commerce intérieur. La nomination de l’ancienne directrice générale des impôts, Amel Abdelatif, ministre du commerce donne à supposer que le gouvernement se préoccupe des poussées inflationnistes sur le marché. Mais aussi de la maîtrise de la récolte fiscale. L’ancien ministre Tayeb Zitouni a quêté des solutions, en vain.
Qui sont les nouveaux arrivés
Le wali de la wilaya d’Alger, Abdenour Rabhi, est hissé au rang de ministre dans le gouvernement de Sifi Ghrieb. Une nomination qui, de fait, donne à la wilaya d’Alger un statut particulier. Un statut qu’elle avait déjà eu dans les années 2000, quand elle a été hissée au statut de gouvernorat. Le sera-t-elle de nouveau ?
Abdenour Rabhi, dont il faudra attendre la définition exacte de ses missions de ministre, lui, le wali d’Alger, fait partie des nouveaux arrivée au gouvernement. Six autres ministres y ont fait leur entrée, tous pour la première fois.
Le ministre de la santé est attribué à Mohamed Seddik Ait Messaoudene. Cardiologue, professeur de médecine, le nouveau ministre de la santé était chef de service de cardiologie au CHU Mustpaha Pacha depuis 2024. Il est le fils de l’ancien aviateur et ancien ministre sous Bouemediene, puis sous Chadli, Saïd Ait Messaoudene. Mohamed Seddik Ait Messaoudene est le gendre du général Médiene, dit «Toufik», ancien patron du DRS.
Abdelmalek Tacharift est nommé ministre des Moudjahidines. Il était sénateur, président de la commission permanente de la vérification des comptes publics (CAPA).
Yahia Bachir, ancien PDG du groupe industriel des ciments Algérie, est propulsé ministre de l’Industrie. Amel Abdelatif est nommé ministre du Commerce. Elle était directrice générale des impôts au ministère des Finances.
À la communication, où à l’évidence les ministres ne font pas de vieux os, c’est Zouhir Bouamama qui est nommé, en remplacement de Mohamed Meziane. Il était conseiller auprès du président de la République chargé de la jeunesse, des associations et des partis politiques.
Enfin Mourad Adjal, est nommé ministre de l’énergie et des énergies renouvelables. Il était Directeur général de la Sonelgaz. Les nouveaux ministres sont choisis en fonction de leurs profils et à leurs qualifications qui siéent à leurs missions.