Dans une Afrique du Nord fragmentée par les rivalités et les incertitudes régionales, la relation entre l’Algérie et la Tunisie demeure l’un des rares axes de stabilité. C’est le message qu’a tenu à rappeler le président Abdelmadjid Tebboune, ce mardi 30 décembre, devant les deux chambres du Parlement réunies au Palais des Nations, en réaction à une vague de rumeurs faisant état d’un supposé accord de défense entre Alger et Tunis.
Ce document, largement diffusé sur les réseaux sociaux et relayé par certains médias français, a rapidement été identifié comme un faux. Son objectif, désormais établi, était de semer le doute sur la nature des relations entre les deux pays. Loin de fragiliser ce lien, cet épisode a au contraire conduit Alger à réaffirmer le caractère stratégique et constant de son partenariat avec Tunis.
Le président de la République a souligné que la sécurité de la Tunisie était indissociable de celle de l’Algérie et que toute atteinte à l’une concernait directement l’autre. Ce principe, a-t-il rappelé, s’inscrit dans une continuité historique forgée par la guerre de libération nationale, puis consolidée par des décennies de coopération sécuritaire, de solidarité économique et de proximité politique. Depuis 2011, l’Algérie joue d’ailleurs un rôle discret mais constant dans la stabilité tunisienne, notamment face aux menaces sécuritaires et aux tensions sociales.
Une relation stratégique face aux recompositions régionales
Alors que la Tunisie traverse une crise économique sévère et cherche à préserver sa souveraineté décisionnelle, certaines puissances régionales et extra-régionales tentent d’exploiter ses fragilités afin de l’amener à adhérer aux accords d’Abraham et à normaliser ses relations avec Israël. Dans ce contexte, l’alignement stratégique avec l’Algérie demeure un obstacle à leurs ambitions, d’où la tentative de présenter la coopération algéro-tunisienne comme une forme de tutelle.
Le président Tebboune a ainsi insisté sur le caractère non intrusif du soutien algérien. L’aide énergétique, financière et diplomatique apportée à Tunis relève d’une solidarité entre États souverains, et non d’un levier d’influence. Il a également réaffirmé le respect de l’Algérie pour les choix internes de la Tunisie et pour la légitimité de son président, Kaïs Saïed.
En somme, cet épisode met en lumière une recomposition silencieuse des équilibres en Afrique du Nord. Dans un environnement régional marqué par la normalisation de certains pays avec Israël, par des tensions énergétiques persistantes et par une reconfiguration des alliances, le partenariat algéro-tunisien demeure un point d’ancrage. Même si cette proximité complique la mise en œuvre de certains agendas, elle reste un rempart face aux dynamiques d’instabilité.