Au cœur d’un scandale et menacé de déchéance de son mandat parlementaire, le député Mohamed Bekhadra s’est exprimé ce mercredi 20 avril 2022, à travers une vidéo dans laquelle il confirme avoir effectivement servi dans la légion étrangère de l’armée française en qualité d’infirmier.
Député de la communauté nationale à l’étranger, Mohamed Bekhadra a été coopté par Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, bannière partisane sous laquelle il a été élu. Son engagement dans l’armée française lui vaut aujourd’hui une levée de boucliers de la part de beaucoup de ses collègues à l’Assemblée nationale populaire (APN) qui réclament la levée de son immunité parlementaire et sa destitution de son mandat d’élu.
Estimant que cet engagement, de courte durée, dit-il, n’entame en rien de son « patriotisme », Bekhadra a précisé qu’il était âgé de 29 ans et en situation d’immigration irrégulière lorsqu’il avait rejoint la légion étrangère de l’armée française. « J’ai travaillé en tant que qu’infirmier militaire pour une courte durée. Je l’ai fait parce que j’étais en situation d’immigration irrégulière. Je n’ai jamais été dans pays en guerre », a –t-il soutenu.
C’était donc à partir de 2001, puisqu’il est âgé de 50 ans aujourd’hui. Pour prétendre à la nationalité française, il faut compter au moins trois années de service dans la légion étrangère.
Reconnaissant jouir de la double nationalité, algérienne et française, le député a fait remarquer que ce statut ne présente pas un cas d’incompatibilité avec le mandat de député.
Mohamed Bekhadra a réfuté avoir tu cet antécédent pour prétendre au mandat parlementaire. Il a soutenu que le consulat d’Algérie à Montpellier auprès duquel il a renouvelé son passeport 2005 était au courant de son passage par la légion étrangère de l’armée française.
Cependant, son cas pose un problème d’éthique politique. Comme il devait se poser avec d’autres parlementaires détenteurs de la double nationalité qui restent potentiellement éligible à des responsabilités gouvernementales qui, elles, exigent la nationalité algérienne exclusive. L’on se souvient du député Samir Chaabna qui a préféré sa nationalité française au poste de ministre qui lui avait été proposé dans le gouvernement d’Abdelaziz Djerad.
Dans sa livraison du samedi 16 avril 2022, le journal El Khabar a indiqué que Bekhadra avait fait l’objet d’une première mesure conservatoire. El Khabar croit savoir il a été interdit d’accéder à l’hémicycle Zirout Youcef le 13 avril 2022, en attendant qu’aboutisse la procédure de déchéance de son mandat de député. Et d’affirmer que des chefs de groupes parlementaires avaient déjà saisi à ce propos le ministre de la justice, garde des sceaux, pour une levée d’immunité parlementaire.
En tout cas, la nouvelle constitution dans son article 27 donne aux députés la latitude de révoquer un mandat d’un de leurs collègues responsable de faits incompatibles avec sa mission. « Le député ou le membre du Conseil de la nation engage sa responsabilité devant ses pairs qui peuvent révoquer son mandat s’il commet un acte indigne de sa mission (…) ».
Si la double nationalité n’est pas incompatible avec le mandat de député – la loi n° 17-01 du 10 janvier 2017 fixant les hautes responsabilités de l’Etat requérant la nationalité algérienne exclusive n’intègre pas ce mandat électif – il reste à déterminer si le service au sein de la légion étrangère de l’armée française en qualité d’infirmier intègre le chapelet des « actes indignes » du mandat parlementaire.