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Un nouvel épisode dans la crise franco-algérienne


La dégradation des relations entre Paris et Alger franchit un nouveau palier. Dans un communiqué diffusé le 26 août 2025, l’ambassade de France en Algérie a annoncé « une réduction significative des effectifs diplomatiques et consulaires » à partir du 1er septembre. Cela inclut les consulats d’Alger, Oran et Annaba. La mission diplomatique explique que cette mesure est la conséquence directe du refus du ministère algérien des Affaires étrangères de délivrer « les visas d’accréditation nécessaires à une partie du personnel français ».

Habituellement, les diplomates expatriés prennent le relais de leurs prédécesseurs. Mais cette année, faute d’accord d’Alger, près d’un tiers des équipes consulaires ne pourra pas rejoindre son poste. « Cette situation aura un impact sur la capacité de traitement des demandes de visas », souligne l’ambassade. Elle annonce d’ores et déjà une réduction du nombre de rendez-vous disponibles auprès de Capago, le prestataire qui centralise les demandes. Seuls les dossiers jugés prioritaires – renouvellements de visas, demandes d’études et services aux ressortissants français – seront pris en charge dans des délais normaux.

Une crise enracinée depuis un an

Ce nouveau chapitre vient s’inscrire dans une spirale de tensions entamée il y a un an, à l’été 2024 lorsque la France a publiquement soutenu le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. Ce geste, perçu comme une provocation à Alger, a déclenché une série de mesures de rétorsion et d’annonces hostiles. Arrestations de personnalités, expulsions de diplomates, rappel d’ambassadeurs, blocages administratifs : en un an, le climat bilatéral s’est nettement détérioré.

La question des visas est devenue l’un des leviers privilégiés de ce bras de fer. Après la fin de l’exemption pour les passeports diplomatiques décidée par Paris, Alger a appliqué strictement le principe de réciprocité. Il a soumis également les diplomates français à des procédures plus strictes. Paris, de son côté, a choisi de répondre en limitant ses propres effectifs et en durcissant la délivrance des visas.

Les petites gens en première ligne

Ce conflit institutionnel a des répercussions concrètes. Dès septembre, l’accès aux rendez-vous consulaires sera drastiquement réduit. Étudiants, familles et professionnels se retrouvent en première ligne, confrontés à des délais rallongés et à un climat d’incertitude.

« Nous regrettons les désagréments que cette situation pourrait causer aux demandeurs algériens de visas », conclut l’ambassade, tout en réaffirmant qu’elle « continuera à assurer les services essentiels aux ressortissants français et à instruire les demandes prioritaires ».

Au-delà de la rhétorique, la crise illustre une relation politique de plus en plus fragile. Elle est dominée par les gestes de défiance et les dialogues avortés. Elle installe, surtout, un climat de méfiance durable qui pèse désormais sur les deux sociétés.