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Une série en préparation sur la revue “Révolution africaine”


Un journal oublié, Révolution africaine, s’apprête à renaître à l’écran. Le producteur, rappeur et acteur Sofiane Zermani allias Fianso, présent aux Rencontres cinématographiques de Béjaïa, a annoncé le développement d’une série consacrée à Révolution africaine, hebdomadaire mythique fondé en 1963, organe officiel du FLN et caisse de résonance des luttes anticolonialistes.

« On développe une série sur l’organe de presse Révolution africaine et sur toute la chronique d’Alger entre les années 60 et 80. L’idée, c’est de raconter cette période à travers les yeux de la rédaction et de ceux qui relayaient l’information à ce moment-là. Révolution africaine, c’était la volonté africaine et panafricaine incarnée dans un journal : un porte-voix qui soutenait les luttes, donnait une langue commune à ces désirs de liberté venus du monde entier et qui se sont rencontrés à Alger », a-t-il expliqué

Appelé familièrement Révaf, ce journal a incarné, durant  plus de deux décennies, la voix d’une Algérie engagée, ouverte sur le monde et solidaire des combats pour la liberté. À travers ses colonnes, on pouvait lire les échos des guérillas africaines, les rêves d’indépendance et la détermination des peuples à briser les chaînes coloniales. Zermani précise que la série puise  son inspiration dans le documentaire « Alger, la Mecque des révolutionnaires », produit par Arte il y a une dizaine d’années.

Le projet prend la forme d’une mini-série en huit épisodes de trente minutes. Plusieurs réalisateurs algériens et africains devraient se relayer derrière la caméra. Ils offriront chacun leur regard sur Alger, autrefois capitale cosmopolite où se croisaient Mauritaniens, Guinéens, Congolais, mais aussi militants américains venus y chercher refuge. Les dialogues s’entendront, à en croire Fianso, en français, en arabe, en kabyle, mais aussi dans des dialectes africains.

Au cœur des mouvements révolutionnaires

Pour Zermani, il s’agit de saluer « le courage de ceux qui ont porté ce journal : des figures comme Mohammed Harbi, ou encore Jacques Vergès, qui en a façonné les premières heures ». « Certains ont donné leur temps, d’autres leur santé, parfois leur famille, parfois leur vie, pour que l’information circule », rappelle Zermani.

Depuis un an, l’équipe explore les archives, exhume des documents. « Révolution africaine était une force libre au milieu d’autres forces libres», dit Fianso, précisant : « Ça fait déjà un an qu’on est plongés dans les archives, qu’on rencontre, qu’on fouille. On s’entoure des meilleurs pour déterrer des documents, pour mettre à jour les liens multiples entre la rédaction de Révolution africaine et d’autres forces libres d’Alger. À cette époque, Révolution africaine était elle-même une force parmi d’autres, au cœur de tous ces mouvements révolutionnaires et de liberté. Une véritable synergie s’est créée. Nous, on l’a ressentie, on la ressent encore dans la ville, dans ses traces. Et ce qu’on veut aujourd’hui, c’est raconter cette histoire, pour que le monde la connaisse ».