Tentative ratée du Pentagone américain de domestiquer les médias qui le couvrent. Plusieurs médias refusent de se conformer aux nouvelles restrictions qu’il veut leur imposer, au risque – faut-il le préciser – de perdre leur accréditation.
Des médias internationaux et américains, dont le New York Times, FOX News, les agences Associated Press (AP) et AFP, ont refusé, catégoriquement, le mardi 14 octobre, de signer un document du Pentagone qui consigne des restrictions à la liberté de la presse. Parmi les mesures contenues dans le document en question, figure celle imposant aux journalistes accrédités une autorisation préalable du ministère de la Défense avant la publication de certaines informations. Un imprimatur qui ne passe pas… au pays de l’Oncle Sam.
Les nouvelles dispositions prises par le Pentagone restreignent, outre celles des médias, les libertés des employés de l’administration militaire américaine. Et dans tout cela, c’est la liberté d’accéder à l’information et celle d’informer qui sont menacées.
Dans un communiqué public, l’Associated Press s’en inquiète : « Les nouvelles dispositions musèlent les employés du Pentagone et menacent de représailles les journalistes qui vont à la recherche d’informations qui n’ont pas été approuvées en amont pour être publiées. »
Un front médiatique uni contre les restrictions
De son côté, l’AFP écrit que « les nouvelles dispositions proposées dans ce document vont à l’encontre des fondements du travail de journaliste et sapent les droits prévus au premier amendement de la Constitution des États-Unis, qui consacre la liberté de la presse ». « Elles placent, ajoute-t-elle, des entraves non nécessaires au travail des journalistes et créent la confusion entre les responsables des employés du Pentagone et ceux des journalistes qui en couvrent l’actualité. »
Les chaînes américaines ABC, CBS, CNN, NBC et FOX News se sont déclarées, dans un communiqué conjoint, solidaires des médias qui refusent de se soumettre aux restrictions du Pentagone. « Nous continuerons à couvrir l’armée américaine… en défendant les principes d’une presse libre et indépendante », affirment-elles.
Les médias conservateurs, à l’instar de l’agence Reuters, du Washington Post ou encore de la chaîne Newsmax, ont eux aussi rejoint le front du refus du document du Pentagone. Cette levée de boucliers, qui irait certainement en s’élargissant, contraindrait-elle le Pentagone à renoncer à son projet ? On ne tardera pas à le savoir.
Depuis son retour aux affaires, le président Donald Trump s’emploie, sans grand succès, à dompter la presse – du moins celle qui, au besoin, lui porte la critique. Le ministère de la Défense américain, aujourd’hui appelé ministère de la Guerre, n’est pas en reste. Il a délogé huit médias de leurs bureaux au Pentagone, dont le New York Times, le Washington Post et CNN.
Malgré ces restrictions, les médias, jaloux de leur liberté, n’entendent pas s’y plier, quitte à perdre leurs accréditations, le seul risque qu’ils encourent. Car, aux USA, ni le Pentagone ni aucune autre administration ne peut sanctionner à convenance… au mépris de la Constitution et des lois.