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Algérie : Baisse de la natalité inhérente à la transition démographique

En Algérie, la population âgée de moins de trente ans représente plus de la moitié de la population totale après avoir en avoir représenté près des deux tiers avant que le processus de baisse de la fécondité ne s’amorce. Comparativement, l’Espagne, la France et l’Italie, ont une population de moins de trente ans qui représente le tiers de leur population totale. Prospective.


La transition démographique est une notion théorique qui décrit sans l’expliquer les changements intervenus au niveau de la mortalité et de la fécondité dans les pays occidentaux à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Elle a été élargie progressivement à tous les pays de la planète qui ont connu les mêmes phénomènes. C’est le processus de passage d’un régime démographique de forte mortalité et de fécondité vers un autre de faible mortalité et de fécondité. Elle comprend deux phases: La première concerne la baisse de la mortalité infantile conduisant à une élévation de l’espérance de vie à la naissance. La seconde concerne la baisse de la fécondité réduisant considérablement croissance démographique pour aboutir au seuil de renouvellement des populations. 

L’Algérie, comme les autres pays d’Afrique du Nord, est dans la phase finale de la seconde étape de la transition démographique, celle qui selon la théorie démographique, voit leur fécondité convergée vers le seuil de renouvellement de la population. Dans les années 1970, la fécondité était estimée à 7 enfants par femme, puis elle a connu une baisse rapide. Son ISF (Indice synthétique de fécondité) est actuellement de 3 enfants par femme, selon les estimations de l’office national des statistiques (ONS)

Les fécondités particulièrement élevées des décennies antérieures combinées à la baisse de la mortalité infantile – première phase de la transition démographique- ont occasionné de forts taux de croissance jusqu’à 3,2 % par an. Elle est, jusqu’à ce jour, à un niveau relativement élevé de 1,5 % en moyenne par an (c’est l’amplitude maximum atteinte par les pays européens au cours de leur transition démographique).

Comparativement à la situation des années 1960, 1970 et 1980, le taux de croissance de la population a été divisé par deux. Dans les prochaines années, ils connaitront des taux annuels moyens de croissance supérieurs à 1%. Il faudra probablement attendre les années 2030 pour que le taux de croissance descende en dessous de ce seuil et devienne inférieur ou égal à 0,5 % de croissance annuelle. Entretemps, les femmes en âge de procréer, du fait de l’importance de leur effectif, donneront un plus grand nombre de naissances, malgré la baisse du nombre d’enfants par femme.

Pression sur les équipements et les infrastructures

Au cours de la première phase de la transition démographique, la fécondité élevée et la baisse de la mortalité infantile ont induit des contraintes fortes sur le budget de l’État. Du fait du retard enregistré pendant la période coloniale, les effectifs relativement élevés des naissances ont nécessité des investissements importants en équipements scolaires et en infrastructures de santé.

Cette pression budgétaire sur les équipements et infrastructures se reporte au fur et à mesure sur le budget de fonctionnement. Ces tensions budgétaires ont été relativement sans grandes conséquences sur le plan social et politique, car les besoins de recrutement en personnel au sein de l’appareil d’État avaient élargi l’offre d’emploi. Les perspectives de mobilité sociale par l’instruction étaient largement ouvertes, ce qui atténuerait les tensions sociales. Ces facteurs favorables ont cessé de fonctionner du fait de la saturation de l’appareil d’État et de la nécessité du rétablissement des équilibres budgétaires dès le milieu des années 1980 et de la mise en œuvre des plans d’ajustement structurel, préconisés par les institutions financières internationales et la politique libérale mise en œuvre à partir des années 1980.

Au cours de la seconde phase de la transition démographique, les naissances par femme diminuent et déplacent les tensions budgétaires vers l’enseignement secondaire et supérieur avec l’arrivée des générations précédentes aux gros effectifs de population combinée à la massification de l’enseignement et son élargissement au sexe féminin.

Les populations âgées de 15 à 24 ans sont concernées, car elles ont la particularité d’être socialement actives et potentiellement mobilisables sur le plan politique. Les projections démographiques des Nations Unies (prévision 2012) indiquent une baisse de cette proportion de population au-delà de 2015 en Algérie, et une légère hausse à partir de 2030 pour pratiquement converger vers la situation des pays de la rive nord de la Méditerranée vers 2050.

Si le contexte économique est défavorable, il en découle une période où les besoins sont multiformes et les risques de tensions politiques élevés. Ce qui semble être le cas si on se réfère aux rapports des organismes internationaux spécialisés.

Les 15-30 ans pèsent lourdement sur la société

La nuptialité joue un rôle déterminant dans les transitions démographiques des pays de la rive sud de la Méditerranée. Le relèvement de l’âge au mariage des femmes a été le facteur principal dans le démarrage et la poursuite de la seconde phase de la transition démographique en Algérie, en Tunisie et au Maroc. En effet, les naissances hors mariage étant relativement très faibles (moins de 1%), c’est la fécondité dans le mariage qui détermine en premier le niveau de l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF).

L’exposition aux risques de grossesse diminue avec l’élévation de l’âge au mariage des femmes. Les ruptures d’union vont dans le même sens, si le taux de divortialité est élevé et le remariage des femmes difficile. Il s’ensuit que des femmes en âge de procréer sont socialement dans l’impossibilité de contribuer à la fécondité générale. Les taux de nuptialité sont dans ce cadre de bons indicateurs du modèle de transition démographique. Son augmentation explique la hausse des naissances en Algérie de ces dernières années.

Après une vingtaine d’années de baisse de la fécondité, la structure de la population reste caractérisée par sa jeunesse. La population âgée de moins de trente ans compose plus de la moitié de la population totale. Elle en représentait près des deux tiers avant que le processus de baisse de la fécondité ne s’amorce. Comparativement, les pays riverains de la Méditerranée qui font face à l’Algérie, comme l’Espagne, la France et l’Italie, ont une population de moins de trente ans qui représente le tiers de leur population totale, situation que les pays de la rive Sud connaitront au milieu de ce siècle.

La fraction de la population âgée de 15 à 30 ans, constituée de personnes qui entrent dans la vie adulte, est celle dont les besoins pèsent le plus lourdement sur la société. Ses besoins en formation, en instruction, en emplois et en logements (nucléarisation de la famille) accentuent les tensions sociales. En Algérie, elle représente près d’un individu sur cinq, alors que dans les pays européens elle ne représente plus qu’une personne sur dix environ.

Il s’en suit des taux de chômage relativement élevés, proches des 30%. Cette situation n’est pas propre à l’Algérie, les pays du sud de l’Europe (Italie, Espagne, Grèce …) sont confrontés à la même situation. Un pays comme la France, qui a un PIB dix fois supérieur à celui de l’Algérie, est confronté à un chômage de masse que les politiques libérables et d’offrandes fiscales aux plus riches n’arrivent pas à résoudre. La libéralisation économique à outrance en est à l’origine.

La fenêtre démographique

Cette situation sur le marché du travail infirme la conception de la fenêtre démographique véhiculée et amplifiée par les médias. La fenêtre démographique postule que la seconde phase de la transition crée une situation favorable au développement, car les adultes auront moins d’enfants à charge (baisse de la fécondité) et partageront avec une fratrie nombreuse la charge des parents. Cette situation favoriserait l’épargne comme source d’investissement. Mais cela suppose d’une part le plein emploi, et d’autre part, que ce surcroit de revenus ne soit pas utilisé pour la consommation (biens durables et produits de luxe). Ce qui n’est évidemment jamais le cas dans les pays en développement, notamment l’Algérie, où le chômage et le sous-emploi sont endémiques et l’amélioration des revenus est orientée principalement vers la consommation.

Cette conception, comme celle qui l’a précédée dans les années 1960 et 1970 (si vous ne vous développez pas, c’est parce que vous faites trop d’enfants d’où la promotion des programmes de planning familial) vise à faire porter la responsabilité du sous-développement aux populations de ces pays. Il s’agit de dédouaner un libéralisme économique et l’exploitation coloniale que subissent ces pays, faisant fi de l’intérêt et des besoins des populations.

L’objectif est de les détourner d’une politique qui place au centre des préoccupations les besoins en santé, en éducation, en logements et en alimentation des populations dans le cadre de plans de développement qui privilégierait un appareil de production national. Une politique d’intérêt national qui ne saborderait pas les entreprises publiques, et qui favoriserait l’investissement privé productif au détriment de l’importation et de la vente en état, enrichissant des minorités sans apport au développement économique de l’Algérie.