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Sifi Ghrieb ou l’épreuve du contre-la-montre

L’efficacité de sa démarche, louable, dans l’absolu, dépendra en grande partie de la réactivité des walis et de l’administration locale. Or, cette réactivité est fonction d’au moins deux facteurs: la volonté politique et la disponibilité de moyens. Il est rare que ces deux conditions soient réunies.


Le premier ministre par intérim Sifi Ghrieb fait montre d’un train notable. Moins d’une semaine après sa désignation au poste, il a organisé et supervisé deux activités. L’une relative à la rentrée scolaire et l’autre à la rentrée sociale toute entière.

Lundi, Sifi Ghrieb a parlé aux walis qu’il a réunis par visioconférence. La trame centrale de l’échange: l’accélération de la numérisation de l’administration. Une préoccupation qui ne manquera pas d’enchanter le président Tebboune qui en fait un leitmotiv.

Le Premier ministre par intérim a certainement raison de secouer les walis pour accélérer la cadence en matière de numérisation de l’administration. Le point de situation, s’il doit être établi par une expertise sérieuse, n’est pas réjouissant. Enormément reste à faire.

Abdelmadjid Tebboune a beau insisté pour prioriser le chantier, l’administration reste «papivore», même si, dans certains secteurs, les avancées sont notables. Mais quand on sait, pour l’exemple, que les loyers AADL sont toujours payés physiquement au niveau des agences bancaires et qu’obligation est faite de déposer les reçus de paiement au niveau des bureaux de Gestimmo, on peut dire, qu’en matière de numérisation, il y a loin de la coupe aux lèvres.

Le nouveau premier ministre par intérim veut secouer le cocotier. Une tache que son prédécesseur au poste n’a pas pu, su ou voulu faire. L’une des raisons qui lui ont valu la disgrâce et un renvoi sans autre forme de procès. Sifi Ghrieb, le technocrate, réussira-t-il là où Nadir Larbaoui a trébuché? Une condition nécessaire mais pas forcément suffisante à cela: durer au poste.

Une promotion sur épreuve

Sifi Ghrieb est un Premier ministre par intérim. Et un intérim ne devrait pas durer plus que de raison. Un intérimaire assure une intendance le temps qu’un titulaire de plein exercice soit nommé au poste. Cela, Sifi Ghrieb le sait. Il n’ignore pas aussi qu’il a des chances d’être lui même confirmé au poste. Seulement, son admission ne se fera pas sur titre, mais sur test.

Conscient que sa promotion ne se fera sur épreuve, sinon il aurait été directement nommé Premier ministre, Sifi Ghrieb s’oblige à l’action. Et il doit faire vite, car il est busculé par la rentrée sociale, une échéance souvent difficilement gérable par les gouvernements. Sifi Ghrieb est soumis à un contre-la-montre. Il lui faudra cependant éviter de confondre vitesse et précipitation.

L’efficacité de sa démarche, louable, dans l’absolu, dépendra en grande partie de la réactivité des walis et de l’administration locale. Or, cette réactivité est fonction d’au moins deux facteurs: la volonté politique et la disponibilité de moyens. Il est rare que ces deux conditions soient réunies.

Le Premier ministre par intérim doit relever un autre défi: gérer au mieux son nouveau magistère sans négliger celui qu’il cumule, à savoir le ministère de l’Industrie. Un secteur où il reste fort à faire, tant plusieurs projets structurants sont en phase de réalisation et ont besoin d’une supervision accrue. Sifi Ghrieb saura -t-il bien répartir son temps et son énergie?