Les facultés des sciences médicales, partout sur le territoire national, sont en ébullition depuis près d’une semaine. Chez les étudiants en sciences médicales, tous cycles confondus, le malaise est si grand que l’éruption de la colère en était devenue inévitable.
Quotidiennement, dans toutes les facultés, les rassemblements font le plein de la mobilisation, montrant, si besoin est, que tout n’est pas mort dans la société algérienne, contrairement à ce que les apparences pourraient suggérer.
Depuis le 16 octobre 2024, un large mouvement de protestation a essaimé au niveau des facultés des sciences médicales où l’expression du ras-le-bol est unanime. Aux problèmes administratifs auxquels les étudiants sont confrontés chaque année sont venus s’ajouter des programmes d’enseignement inadaptés et une formation au rabais, conséquence d’une surcharge des amphithéâtres, entre autres.
Mais ce qui a aiguisé le mécontentement des étudiants en sciences médicales, ceux inscrits en spécialités y compris, c’est la décision désinvolte du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Kamel Baddari, qui, l’été dernier, a décidé le gel temporaire de l’authentification des diplômes de médecins pour, a-t-il argué, atténuer de l’ampleur de l’exode des blouses blanches vers l’étranger.
Les étudiants en sciences médicales, les médecins plus particulièrement, se sont sentis discriminés par une telle mesure qui n’a pas pareille pour les étudiants d’autres filières. La décision de Kamel Baddari, qui s’avère être une fausse solution à un vrai problème, est la goutte qui a fait déborder le vase. Les étudiants en sciences médicales font face à plus d’un problème.
Une palette de revendications a été sériée et portée à la connaissance des pouvoirs publics, le ministère de tutelle en premier lieu. On y retrouve des revendications d’ordre pédagogiques et des réclamations relevant du domaine social et professionnel. Les futurs médecins réclament des réformes sérieuses et non des mesures de replâtrages comme ce fût le cas par le passé.
Si les étudiants en sciences médicales réclament la levée du gel des authentifications des diplômes pour ceux qui désirent partir suivre leurs études ou travailler à l’étranger, ils n’ont pas manqué aussi de soulever la question de l’équivalence de leurs diplômes avec les diplômes délivrés par les facultés étrangères. Ils estiment qu’une formation de qualité pourrait aider à hisser de la valeur du diplôme du médecin algérien, notamment en mettant en place les infrastructures adéquates pour une formation optimale.
Au double plan social et professionnel, les étudiants en sciences médicales revendiquent à la fois la revalorisation des bourses pour les étudiants internes et externes ainsi que la revalorisation des salaires des médecins. Ils réclament aussi la création de nouveaux postes d’emploi pour résorber le chômage auquel ils sont confrontés. Ils n’omettent pas également de demander l’abrogation de la loi instaurant l’obligation de trois ans de service civil public.
Les petites réponses de Kamel Baddari aux grandes préoccupations des étudiants
Le samedi 19 octobre 2024, le ministre de l’enseignement supérieure et de la recherche scientifique, Kamel Baddari, daigne enfin prendre langue avec les représentants des étudiants grévistes qu’il a conviés à une réunion marathon au siège de son département. Au bout de plusieurs heures de palabres et de négociations, la tutelle consent à faire des propositions. Six en tout.
Entre autres propositions, le département de Kamel Baddari a formulé celle portant sur la création de 1000 places pédagogiques en formation spécialisée (porter le nombre de postes à 4045 au lieu de 3045 actuellement), la mise en place d’un groupe de travail représentant des cadres du ministère avec les représentants des étudiants autour de la revalorisation de la bourse, le gel de l’article 9 de la décision 1144 relative aux conditions d’accès aux études médicales spécialisées et le recensement des étudiants demandant l’authentification de leurs diplômes à travers la mise en place d’une plate-forme numérique.
Les propositions du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique n’ont pas agréé les étudiants en sciences médicales. Dimanche, des sit-in ont été organisés au niveau des facultés. Des vidéos de ces manifestations ont largement été diffusées sur les réseaux sociaux