Chargement ...

Abdelmadjid Tebboune fait son bilan : entre proclamations et réalités


Le président Abdelmadjid Tebboune a dressé le bilan de ses quatre premières années à la tête de l’État lors d’un discours tenu hier devant le Parlement algérien.

Un air de « déjà-vu » émanait de cet exercice où le président sortant faisait le bilan de ses « indjazates » face à des députés qui insistaient pour qu’il envisage un second mandat, à quoi il a répondu par des formules telles que « Si Dieu le veut » , « Dieu nous donne la force »  et « À la fin, à travers vous, nous laisserons le peuple décider ».

La demande a été réitérée à la fin du discours présidentiel par des dizaines de députés et sénateurs qui ont scandé longuement : « Deuxième mandat ! ».

Tebboune s’est contenté d’un geste de salut en guise de réponse. Le Président confirme ainsi sa volonté de se présenter pour un second mandat, utilisant néanmoins les bonnes vieilles méthodes pour ce faire.

Tebboune a pris la parole pour faire un état des lieux de ce qu’il nomme les « avancées » réalisées grâce à la mise en œuvre de ses 54 engagements. Il n’a pas manqué de s’auto-congratuler, rappelant le contexte difficile de l’Algérie en 2019, marqué par une crise politique profonde, saluant l’avènement de ce qu’il continue d’appeler le  « hirak béni » qui a permis, selon ses mots, de sauver le pays d’une situation périlleuse.

Au cœur de son discours se trouvait la question économique. Tebboune a souligné les défis auxquels son gouvernement a été confronté, notamment la crise sanitaire et les obstacles causés par ce qu’il appelle « des éléments hostiles » cherchant à faire échouer leurs efforts. Il a mis en lumière les actions de lutte contre la corruption, affirmant avoir récupéré l’équivalent de 30 milliards de dollars en biens fonciers et unités industrielles et étant en pourparlers avec d’autres pays pour récupérer des fonds à l’étranger.

Le président a également évoqué la numérisation du pays, promettant son achèvement pour le premier semestre de 2024. « J’ai insisté sur la numérisation du pays, car tout se passait dans l’opacité. Ce chantier sera achevé à la fin du premier semestre de l’année 2024 », assure-t-il, rappelant que le ministère des Finances « a déjà réussi ce pari ».

Néanmoins, il est à remarquer un fossé entre les réalisations proclamées et la réalité socio-économique vécue par la population. Certes, l’augmentation des réserves de change, dépassant les 65 milliards de dollars fin 2023 grâce à la manne pétrolière et la hausse des cours des hydrocarbures, semble témoigner d’une amélioration économique. Mais cela n’a pas eu l’impact escompté sur la vie quotidienne des Algériens les plus modestes, toujours confrontés à la précarité.

L’inflation persistante, frôlant les 10% au premier semestre 2023 selon la Banque mondiale, grève le pouvoir d’achat des ménages. Les projections annoncent même une hausse des prix supérieure à 9% pour l’année en cours. Bien que des contrôles sur les prix des céréales aient été renforcés pour limiter la flambée des produits transformés, cela engendre une augmentation des dépenses publiques en subventions.

A cela s’ajoute les atteintes aux libertés publiques, le harcèlement des défenseurs des droits humains et des journalistes.

Sur le plan international, malgré les affirmations du président Tebboune sur le rôle croissant de l’Algérie, la diplomatie du pays a plutôt été marquée par des discordes avec plusieurs pays, affaiblissant son influence régionale et soulevant des inquiétudes quant à sa cohérence diplomatique.