Retour en arrière. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a annoncé, vendredi, la révision de la loi électorale dans certaines de ses dispositions techniques. Ce chantier intègre le transfert d’une partie des prérogatives de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) au ministère de l’Intérieur.
Parmi les prérogatives de l’ANIE qui seront transférées au ministère de l’Intérieur, le chef de l’État a cité la préparation matérielle des élections. Cela inclut notamment la fourniture des urnes et l’acheminement des procès-verbaux de dépouillement. Une annonce qui ne manquera pas de soulever des réactions au sein de la classe politique, notamment chez les partis qui ont milité pour éloigner le ministère de l’Intérieur de l’organisation des élections.
Abdelmadjid Tebboune a justifié sa décision par le fait que la plupart des membres de l’ANIE, avocats et autres cadres, « n’ont pas d’expérience dans la gestion logistique ». Il a évoqué les difficultés que l’Autorité a rencontré dans la gestion des élections passées.
L’élection du 7 septembre 2024
Lors de l’élection présidentielle du 7 septembre 2024, l’Autorité présidée alors par Mohamed Charfi a été à l’origine d’un grand cafouillage qui a discrédité le scrutin. En annonçant les résultats, l’ANIE a consigné un taux de participation de 48,03%, en usant d’un mode de calcul erroné. Il s’agissait de la moyenne de participation des 58 wilayas.
Quant aux score des trois candidats, le chef de l’État sortant, Abdelmadjid Tebboune, le président du MSP, Abdelaali Hassani Cherif et le premier secrétaire du FFS Youcef Aouchiche, l’ANIE a publié des chiffres qui seront contestés par les candidats eux-mêmes, via une déclaration commune. Des chiffres qui seront corrigés par la Cour constitutionnelle.
L’ANIE avait déclaré Tebboune vainqueur du scrutin avec 94,65% des suffrages exprimés, suivi d’Abdelaali Hassani Cherif avec 3,17% des suffrages et enfin Aouchiche avec 2,16%. La Cour constitutionnelle établissait, elle, les scores suivants: Tebboune (84,30%), Abdelaali (9,56%) et Aouchiche (6,14%). L’écart entre les chiffres de l’ANIE et de la Cour constitutionnelle est considérable.
Ce cafouillage a coûté son poste à Mohamed Charfi. Il est renvoyé deux mois plus tard, en novembre 2024. Cependant, c’est pour la première fois que sa gestion de l’ANIE est reconnue officiellement défaillante.
