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Coalition de soutien à la candidature de Tebboune: quand le trublion Bengrina fausse tout

La coalition s’est fissurée. Prématurément. A l’évidence, ceux qui ont conçu d’échafauder d’une nouvelle alliance partisane qui soutiendrait la candidature de Tebboune n’ont pas suffisamment maturé leur entreprise, sinon ils ont du faire avec les disponibilités du moment.


À peine constituée, la coalition des quatre partis, Front de libération nationale (FLN), Rassemblement national démocratique (RND), Front El Moustakbel et le Mouvement El Bina, qui a vocation à soutenir la candidature du président Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat, bat de l’aile. Le parti El Bina d’Abdelkader Bengrina a décidé de geler sa participation à la coalition.

À en croire le site Sabq Press, une réunion des représentants des quatre partis coalisés en vue d’appuyer la candidature éventuelle du chef de l’Etat pour une prolongation de bail à El Mouradia, tenue samedi au siège du parti El Moustakbel, à Alger, s’est terminée en queue de poisson. Et pour cause, l’annonce du représentant d’El Bina du gel de la participation de son parti à la coalition.

Les frictions au sein de la coalition sont nées au lendemain de sa constitution. Dans leur déclaration ayant sanctionné leur première réunion formelle, les quatre partis avaient pris grand soin de ne pas appeler ouvertement à la candidature du président Tebboune et encore moins en exprimer un soutien, préférant émettre le souhait d’une candidature de consensus.

Les quatre partis ont choisi d’ainsi agir pour éviter que leur initiative paraisse comme un remake de ce qu’avaient connu les élections présidentielles du temps du président Abdelaaziz Bouteflika.

En vain, évidemment, puisque d’aucuns avaient vite saisi les tenants et aboutissants de l’initiative. Nul besoin d’ailleurs de sortir d’une école de sciences politiques pour s’en éveiller.

Et ceux qui avaient besoin d’un dessein pour comprendre que la coalition des quatre projetait de servir de béquille électorale au président Tebboune, s’il décide de briguer un second mandat, le trublion Abdelkader Bengrina était là pour les servir.

Des le lendemain de la réunion de constitution de la coalition, le patron du Mouvement El Bina a pris sur lui, sans consulter le reste du groupe, d’appeler à la candidature de Tebboune et d’en exprimer le soutien de son parti. Une sortie qui a mécontenté le FLN, le RND et El Moustakbel. Au plus haut point.

Outre qu’elle trahit un manque de coordination entre les quatre coalisés, la sortie d’Abdelkader Bengrina a été jugée, par le FLN notamment, contreproductive politiquement, en ce sens qu’elle donne prise aux commentaires qui pointeraient la similitude, en matière de pratique électorale, entre « l’Algérie nouvelle » et celle d’avant. Mais le coup est parti, et les remontrances du secrétaire général du FLN, Abdelkrim Benmbarek, à l’encontre de Bengrina ne changeraient rien, les dégâts sont là.

La coalition s’est fissurée. Prématurément. À sa naissance même. Ce qui n’est pas de bon augure pour la suite. À l’évidence, ceux qui ont conçu d’échafauder une nouvelle alliance partisane qui soutiendrait la candidature de Tebboune n’ont pas suffisamment maturé leur entreprise, sinon ils ont du faire avec les disponibilités du moment. Et l’association de Bengrina à la coalition ne relèverait pas d’une erreur de casting mais tiendrait d’un choix par défaut.

Dans la nouvelle coalition partisane de soutien à Tebboune, le Mouvement El Bina devait représenter le segment islamiste, en remplacement du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui, cette fois-ci, a décidé d’aligner son propre candidat dans la course au Palais d’El Mouradia.

Mais, l’on se rend vite compte que la substitution est loin d’être parfaite : en terme de respect des engagements de groupe, de discipline donc, El Bina est loin d’égaler le MSP.

Il est peu vraisemblable que Bengrina ait été instruit par quelques oracles pour agir comme il l’a fait. Mais aussi ce ne serait pas par fanfaronnade politique qu’il s’est précipité à appeler Tebboune à se présenter à l’élection présidentielle du 7 septembre 2024.

Abdelkader Bengrina a voulu  placer son mouvement en locomotive de la coalition des quatre partis, ceci pour estimer que ni le FLN, ni le RND, décriés plus que d’autres partis par le Hirak, encore moins le Front El Moustakbel, ne peuvent prétendre à ce rôle.

Mal lui en pris. Le FLN n’a pas tardé à contester au responsable d’El Bina le rôle auquel il prétend. Abdelkrim Benmbarek a clairement fait savoir que c’est au parti qui compte le plus grand nombre d’élus dans les assemblées élues, le FLN donc, à qui reviendrait la mission de diriger et de conduire la coalition de soutien à la candidature de Tebboune.

La mise au point du secrétaire général du FLN a, semble-t-il, produit son effet : Bengrina gèle la participation de son mouvement à la coalition et chercherait déjà à agréger d’autres partis autour d’El Bina pour soutenir la candidature du chef de l’Etat.

Il faut admettre que ça fait déjà grand désordre chez les agglomérés autour de la candidature du président Tebboune pour un second mandat. Un désordre qui pourrait impacter négativement la campagne du candidat Tebboune, si candidature, il y aura, bien sûr. Les prochains jours promettent d’être riches en rebondissements.