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Qui sont les victimes des feux de forêt ?

En l’absence de données officielles sur l’identité des victimes, il s’agit là d’un recoupement d’informations non-exhaustive faisant la lumière sur un drame humain dont les victimes avaient un nom, une existence abrégée par des brasiers meurtriers.


Photo DR.

Les violents incendies qui ont ravagé les régions nord du pays se sont éteints mercredi 26 juillet, après avoir fait 40 morts, dont 10 militaires de l’ANP, et 325 blessés. Les 140 foyers de feux de forêt ont, selon un bilan officiel du ministère de l’Intérieur, affecté 17 wilayas.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont publié les noms des victimes de ces incendies, donné des indications sur ce qu’ils faisaient, leurs hobbies, à quoi ils aspiraient…

En l’absence de données officielles sur l’identité des victimes, il s’agit là d’un recoupement d’informations faisant la lumière sur un drame humain dont les victimes avaient un nom, une existence abrégée par des brasiers meurtriers.

La page Facebook de notre confrère Hamdi Baala permet de disposer d’une liste non-exhaustive des noms des 10 militaires qui ont péri dans un campement de l’ANP à Béni K’sila, dans la wilaya Bejaïa où l’on dénombre le plus grand nombre de victimes civiles et militaires.

Le lieutenant Fayçal Ben Khelifa est originaire de Frenda, dans la wilaya de Tiaret. Le baccalauréat en poche, Fayçal avait décidé de s’engager dans l’armé et a ainsi rejoint la prestigieuse Académie militaire de Cherchell.

En poste à Beni K’sila, Fayçal n’a pas rendu visite à sa famille depuis deux mois. «Sa mère lui avait gardé sa part de la viande de l’Aïd, célébré le 28 juin dernier», a écrit Hamdi sur sa page.

Les Zenoud, un destin tragique

Le Caporal-chef Oussama Boughermane, de Bouhenni (Mascara), a au moins eu la chance de fêter l’Aïd en famille, mais pour la dernière fois. Ses frères d’arme décédés dans l’incendie de Beni K’sila, s’appellent Mustapha Ben Hemmi (Caporal-chef), natif d’Ougrout (Adrar), Abdelkrim Bacha (Caporal-chef) de Rasfa (Sétif), Saleh Benhamida (Caporal-chef) de Sendjas (Chlef), Fethi Derras (Sergent-chef) d’El Kala (El Taref), Djelloul Moukhtari, dit Soufiane, (Caporal-chef) de Menaceur (Tipaza), Harrath Benamer, dit Bilal, (Caporal) de  Zemoura (Relizane), Noureddine Boukhari (grande non identifié) de Larbaa (Blida) et de Walid Mekhebi (Caporal-chef) de ٍSidi Merouane (Mila).

A Béjaïa, l’opinion publique a été particulièrement bouleversée par le sort qu’a connu une famille entière venue d’Ain Benian (Alger) pour passer les vacances à Ait Oussalah (Toudja).

Elle a été surprise à l’aube, alors qu’elle se trouvait à bord d’un véhicule, par la fulgurance des flammes qui ne lui ont laissé aucune chance d’échapper au brasier. Il s’agit de la famille Zenoud, les deux grands-parents, le père et la mère, leur fils et leurs deux filles.

Les deux grands-parents, Idir Zenoud et son épouse Fatima Aouchiche, accompagnaient leur fils Mohamed Zenoud et leur belle-fille Akila ainsi que leurs petits-enfants : Besma, Imene et Abderrahmane.

Collégien, Abderrahmane était «bien éduqué et timide», écrivit son enseignante d’histoire-géographie dans un post de condoléances sur Facebook.

Les sept membres de la famille étaient en vacances chez des proches dans le village d’Ait Oussalah.

«Ils étaient le père et la mère, le frère et la belle-sœur, les nièces et le neveu de Brahim Zenoud, qui travaille à la fédération algérienne de sauvetage et de secoursime. Lui et le reste de la famille décimée ont enterré leurs morts vendredi à Alger», nous apprend Hamdi.

Yamina Tamanit, sa fille Cynthia Zenoud; Islam Chibane (7 ans), Aksel Chibane (5 ans), leur mère Ouarda Chibane, leur tante Hassina Chibane; Nacer Chibane, Zohra Amokrane et sa sœur Saliha sont passés de vie à trépas sur le même chemin que tentaient d’emprunter la famille Zenoud.

Eux, ils habitaient Ait Oussalah. «Avec les Zenoud d’Alger, ils ont été pris au piège des flammes qu’ils essayaient de fuir à bord de deux véhicules. Ils ont été enterrés vendredi dans leur village», poursuit Hamdi sur sa page.

Inès, fille unique

Toujours à Ait Oussalah, les autres victimes s’appellent Mokhtar Iguedlane (42 ans), enseignant des sciences islamiques au lycée d’Adekar, Krimou Berchiche (54 ans), Kahina Berchiche (née Berkaine), Inès Berchiche (7 ans) et Ait Makhlouf Mourad (37 ans).

Mokhtar Iguedlane était syndicaliste du Conseil des lycées d’Alger (CLA), «très actif et militant pour les causes justes», selon un post de l’un de ses amis.

Krimou Berchiche «généreux, courtois, hilarant», écrit son cousin sur Facebook. Inès Berchiche, était fille unique de Krimou et de Kahina. La famille Berchiche, originaire de Tizi-Ouzou, se trouvaient à Béjaïa au moment du déclenchement des feux de forêt. Ait Makhlouf était membre d’une association culturelle, un fan du Real Madrid.

Dans les villages de Berricha et Maala (Bouira), les victimes s’appelaient Saïd Berragh, Saïd Boukhelf et son épouse Kheddoudja Sellami. A Boumerdès, un seul décès a été enregistré : Mohamed Aoudache.

Les victimes civiles de ces feux de forêt du 24 juillet ont, pour la plupart, été enterrées vendredi 28 juillet.