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Ahmed Fattani: « Rebrab a menti »


Actionnaire très minoritaire dans la SAEC, la société éditrice du journal  Liberté, Ahmed Fatani, le propriétaire du journal l’Expression, a rompu le silence ce lundi 18 avril 2022 pour solder publiquement ses comptes avec son principal associé dans Liberté, en l’occurrence l’homme d’affaires Issad Rebrab.

S’exprimant lors d’une conférence de presse, animée conjointement avec son avocat, Me Nadjib Bitam, Ahmed Fattani s’est présenté en victime, affirmant avoir été « dépossédé du titre Liberté » par l’homme d’affaires. Un titre qu’il dit avoir récupéré sur une décision du tribunal de Charaga en date du 8 mars 2022, soit quelques jours avant qu’Issad Rebrab n’engage le processus de liquidation de Liberté qui a fini par cesser définitivement de paraître le 14 avril 2022.

Selon Fattani, c’est cette décision de justice qui a poussé Rebrab à fermer le journal et non les motifs que ce dernier avait invoqué. « C’est à ce moment là qu’il a décidé de fermer le journal. Rebrab a menti à tout le monde. Il a menti aux travailleurs de Liberté, à la société civile qui l’avait soutenu et aux lecteurs de Liberté », s’est-il écrié, comme outré par le comportement de son associé avec qui il avait maille à partir depuis 1995.

Fattani a accusé Rebrab d’avoir également menti sur ses engagements premiers, à savoir l’apport financier de 8 millions de dinars pour le lancement du journal. Toujours selon Fattani, Rebrab « n’a donné que 2 millions de dinars ».

Or, c’est à partir de 1995 qu’est né le conflit qui a empoisonné les relations entre les deux hommes au sujet de l’entreprise qu’ils venaient de fonder trois ans auparavant, le journal Liberté en somme, lancé le 27 juin 1992. En 1995, Ahmed Fatani, alors directeur de publication et gérant du journal, était réfugié à Paris, suite, soutient-il, à des menaces terroristes.

Le 29 janvier 1995, les quatre associés du journal, Issad Rebrab (60%), Ahmed Fattani (15%), Hacene Ouandjeli (12,5%) et Ali Ouafek (12,5%) ont tenu une assemblée générale dans la capitale française. Une AG au cours de laquelle le titre Liberté a été versé à la SAEC. « Nous avions accepté de verser le titre à la SAEC à condition que Rebrab ne prenne que 15% et le reste nous allions les partager entre nous trois », a expliqué Fattani. Et d’ajouter: « Une fois que j’ai signé, Rebrab m’a dit que je n’étais plus le directeur de la publication gérant ».

S’ensuit alors, aux dires de Fattani, un long feuilleton judicaire. Entre temps, Rebrab, qui a racheté les actions détenus par Hacene Ouandjeli et Ali Ouafek, a procédé à l’augmentation du capital social de l’entreprise qui passe de 300 milles à 463 millions de dinars*, ce qui abaisse les parts détenus par Fattani à moins de 1%. Soit.

Mais que peut-il se passer maintenant que Fattani affirme avoir récupéré le titre Liberté ? D’abord, la décision de justice, dont il fait cas, est passible d’appel. Autrement, les procédures judiciaires ne sont pas terminées. Ce que reconnaît Me Bitam d’ailleurs au cours de la même conférence de presse. Et, même dans le cas où Fattani bénéficie d’un jugement définitif, il ne pourra pas, à moins de le céder à quelqu’un d’autre ou d’une entorse à la loi, relancer en tant que propriétaire le journal Liberté.

La loi relative à l’information interdit à une même personne de détenir plus d’un titre d’une même périodicité. Fattani, lui, est déjà propriétaire du journal L’expression.


* Le capital social de la SAEC, entreprise éditrice de Liberté, a été augmenté plusieurs fois. Il a été porté à 1,14 milliard de dinars, puis à 1,93 milliard de dinars, avant d’être diminué à 463 millions de dinars le 24 mai 2018. La perte de la moitié du capital social peut enclencher une procédure légale de faillite.