Chargement ...

Marcher vers Gaza, marcher pour la dignité humaine

Alors que le génocide se poursuit en silence, des milliers de personnes s’apprêtent à marcher vers Gaza. Depuis Tunis, Le Caire ou ailleurs, une mobilisation populaire inédite prend forme. Ce texte est un appel à soutenir la marche mondiale pour Gaza, la Caravane Al-Soumoud et la Flottille de la Liberté


En ce mois de juin, le monde marche pour la Palestine. De Tunis au Caire, de Catane à Johannesburg, de Rio à Stockholm, des milliers de femmes et d’hommes se lèvent, naviguent et marchent, déterminés à lever le voile sur le génocide en cours en Palestine. Un cri mondial pour briser le siège illégal de Gaza et résister face à l’entreprise méthodique de nettoyage ethnique du peuple palestinien.

Gaza vit encore sous les bombes israéliennes. Des centaines de milliers de personnes sont massacrées, déplacées, et affamées au quotidien. La population agonise, étranglée par le silence des médias de masse, la complicité des gouvernements pro-sionistes—y compris arabes—et l’impuissance des institutions internationales. Et pourtant, Gaza résiste, par la dignité inébranlable de sa population, et aussi, par la force morale de celles et ceux qui, partout dans le monde, portent la cause dans leur cœur comme une véritable boussole.

Face à la faillite totale de la communauté internationale, incapable d’endiguer le massacre en cours, les peuples tentent avec leurs propres forces de prendre le relais de l’histoire, en se dressant, libres et solidaires, pour affirmer que là où les institutions échouent, la conscience collective ne se taira pas.

Une marche pacifique pour la dignité et la justice

C’est dans ce contexte qu’est née la Global March to Gaza (Marche mondiale pour Gaza), prévue du 12 au 20 juin 2025 en Égypte. Portée par des réseaux citoyens, des mouvements sociaux, des médecins, des artistes, des juristes, des femmes et des hommes de conviction, cette initiative vise à briser symboliquement et politiquement le blocus imposé à Gaza en marchant collectivement jusqu’au point de passage de Rafah, seul accès terrestre non contrôlé par Israël et fermé à l’aide humanitaire depuis plus de deux mois.

Du 12 au 19 juin 2025, plus de cinquante délégations nationales convergeront vers Le Caire. Entre 2 500 et 5 000 personnes sont attendues, venues de pays aussi divers que l’Afrique du Sud, la Suède, la Suisse, l’Algérie, l’Argentine, l’Angleterre, l’Allemagne, et le Brésil.

Ce rassemblement mondial, entièrement auto-organisé, s’est construit sans le moindre soutien étatique, porté uniquement par la détermination des individus et la force des solidarités populaires.

Le 13 juin, les participant·es se dirigeront vers Arish, la plus grande agglomération de la province du Sinaï. De là, ils entameront dès le 15 juin une marche de 48 kilomètres vers Rafah. Une marche déterminée et pacifique. Une marche de témoignage, de refus, de solidarité vivante.

À Rafah, les manifestants installeront un camp pacifique jusqu’au 19 juin, exigeant l’ouverture immédiate du passage et la levée du siège de Gaza. Des discussions sont en cours pour obtenir l’autorisation de marcher pacifiquement vers Rafah auprès des autorités égyptiennes.

Cette mobilisation n’est pas une simple manifestation de solidarité; c’est une insurrection morale, une réponse de la société civile mondiale à la barbarie israélienne. Les organisateurs de la marche n’ont pas pour objectif d’entrer à Gaza. Leur force est dans la visibilité de la cause, dans la légitimité de l’action. En marchant vers Gaza, les manifestants affirment haut et fort qu’ils ne seront pas les complices silencieux d’un génocide en direct.

De Tunis à Gaza : la caravane Al-Soumoud

Dans le cadre de la marche mondiale vers Gaza, le convoi terrestre Al-Soumoud prendra la route le 9 juin depuis Tunis, traversant la Libye puis l’Égypte, pour rejoindre enfin la frontière de Rafah. À chaque étape, des haltes sont prévues pour porter la voix de la Palestine : rencontres populaires, prises de parole, actions symboliques, autant de moments pour faire résonner l’écho d’une solidarité enracinée dans les luttes des peuples.

Tunis sera le point de départ commun des délégations nord-africaines, venues d’Algérie, du Maroc, et de Mauritanie. Ensemble, elles convergeront vers Le Caire le 12 juin, où elles rejoindront les délégations arrivées par voie aérienne.

Al-Soumoud porte le nom de cette force inébranlable qui lie les peuples en lutte, de l’Afrique du Nord à la Palestine. Cette initiative n’aurait jamais vu le jour sans le travail acharné de centaines de bénévoles qui, depuis des semaines, œuvrent jour et nuit pour donner vie à cette caravane, souvent avec des moyens dérisoires, mais une détermination sans faille. Dans l’ombre, ils ont mis en place tous les préparatifs logistiques nécessaires au déroulement de l’initiative. À travers des groupes sur l’application Telegram, ils ont répondu aux innombrables questions et assuré le lien entre les délégations. Leur engagement a été exemplaire.

Sur la mer, la Flottille de la liberté fend le silence

Depuis le 1er juin, un petit voilier nommé Madleen navigue en direction de Gaza, porteur d’un autre souffle de résistance : celui de la Flottille de la liberté. Partie de Catane, en Sicile, cette embarcation civile transporte à son bord 12 passagers — parmi eux, l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan, la militante écologiste Greta Thunberg, des médecins, des marins, des journalistes. Leur but étant de livrer une aide humanitaire symbolique — du lait, de la farine, des prothèses pour enfants — mais surtout briser l’enfermement médiatique et politique sur Gaza et le génocide.

En pleine traversée, le Madleen, du nom de la première pêcheuse de Gaza, a secouru quatre migrants soudanais en détresse, repoussés par les garde-côtes libyens. Ce geste de solidarité rappelle que les oppressions sont liées, et que les frontières de l’indifférence se rejoignent en Méditerranée.

La flottille navigue sous menace constant. En mai dernier, l’un des navires de la coalition a été la cible d’une attaque par drones au large de Malte; une opération attribuée à Israël. Chaque nuit, des drones rôdent au-dessus du Madleen dans des tentatives manifestes de terroriser les membres de la flottille et de briser leur détermination.

Et pourtant, les participants tiennent bon et mènent une campagne médiatique réussie notamment pour responsabiliser les pays des membres de la flottille. Ils sont conscients que leur traversée est bien plus qu’une mission humanitaire; c’est un cri du monde vers les rives meurtries de Gaza.

Un soulèvement mondial des consciences

La marche mondiale pour Gaza, la caravane Al Soumoud, la Flottille de la liberté… Ce sont des lignes qui se tracent ensemble vers un même refus: celui du siège, de l’oubli, de la normalisation du génocide. Des communautés entières se lèvent, sur tous les continents, des universités sont « occupées», des ports sont bloqués, des voix s’élèvent dans les rues, les stades….parce que le temps des déclarations est révolu. Parce que les enfants de Gaza n’ont plus le temps d’attendre. Parce qu’à l’heure où vous lisez ces lignes, des corps sont ensevelis sous les décombres, et des familles espèrent trouver du pain pour se nourrir.

Gaza est le miroir du monde présent et de l’avenir. Ce que nous tolérons là-bas dessine les contours de ce que nous accepterons ici, et ailleurs. Si nous restons impassibles face à un génocide retransmis en direct, que serons-nous prêts à justifier demain, au nom de l’habitude, du cynisme ou de la peur ? Quel monde laisserons-nous à nos enfants si l’extermination d’un peuple devient une banalité ?


*** Si vous avez songé à agir, c’est le moment. Aujourd’hui est la dernière chance de s’inscrire pour la Global March. Pour s’inscrire ou soutenir :