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Les temps ne sont pas à la célébration


Les temps ne sont pas à la célébration et Twala n’a pas le cœur à la fête. Ce troisième anniversaire de notre média intervient en pleine guerre génocidaire menée par l’armée coloniale israélienne contre les populations civiles de Ghaza. Documenter le génocide d’un peuple qui, pour sa dignité, a choisi de résister sur ses terres spoliées, n’est pas une chose facile.

L’armée du colonisateur sioniste a déjà assassiné une dizaine de confrères palestiniens, des journalistes et photographes, qui rendaient compte du massacre. Elle a également ciblé d’autres confrères libanais qui se sont aventurés aux frontières sud de leur pays pour prendre les images d’escarmouches lancées par des combattants libanais en solidarité avec les Palestiniens.

Les Réseaux sociaux ont imposé un blocus sur les images qui contrarient le storytelling de la machine propagandiste de l’Occident sur le génocide qui se déroule à Ghaza. C’est le pot de rose contre le pot de fer.

Les temps ne sont pas à la célébration. L’appui militaire, diplomatique et surtout médiatique dont bénéficie Israël de la part de ses parrains occidentaux qui semblent oublier le sens des valeurs qu’ils commercialisent en dehors de leurs frontières, n’est égalé que par la lâcheté des régimes arabes qui, par la normalisation de leurs relations avec l’entité sioniste, lui avaient donné un blanc-seing pour chasser les Palestiniens de leurs terres. Ils assistent au massacre en spectateurs.

En Algérie, l’un des rares pays membre de la ligue dite « arabe » qui refuse encore à normaliser ses relations avec Israël, la police a empêché une marche organisée pour dénoncer les crimes de l’armée sioniste. Le pouvoir en place, qui tend vers le totalitarisme à mesure qu’il s’installe dans la durée et consolide ses positions, éprouve une répulsion à l’égard de tout rassemblement populaire ou une manifestation revendicative, quel que soit son objet.    

Les temps ne sont pas à la célébration. En Algérie, sur cette terre arrosée par le sang de millions de martyrs de la liberté, les voix libres sont bâillonnées. Ce troisième anniversaire de Twala intevient alors que l’un de ses membres fondateurs, Raouf Farrah, et l’un de ses collaborateurs, Mustapha Bendjama, séjournent en prison pour des accusations fallacieuses.

Aussi, notre confrère Ihsane El Kadi, responsable éditorial de Radio M et Maghreb Émergent, purge-t-il une peine de sept ans de prison. Ses deux médias ont été dissous par une justice qui considère le travail journalistique comme un acte subversif. Le climat de terreur, qui règne depuis bientôt quatre à cause des détentions abusives des journalistes et des opposants politiques, inhibe les volontés et prive la communauté nationale d’outils précieux pour son information.  

Les temps ne sont pas à la célébration. Et, les défis sont immenses. Nous voulions donner un sens moins triste au titre de notre média à sa naissance. Puisé dans un proverbe algérien qui lie littéralement le reportage aux survivants d’une bataille ou d’une guerre, il se veut une inspiration au travail bien fait. Nous étions si optimistes que nous n’avions pas pensé qu’il retrouvera un jour son sens premier.

Les défis sont immenses. Mais, nous comptons apporter notre pierre à l’édifice pour la reconstruction de notre système médiatique algérien détruit à la fois par l’hostilité de son environnement et la désertion des professionnels. La défiance envers les médias, nourrie et entretenue par les pouvoirs successifs est venu à bout d’un système déjà peu performant.

Les défis sont immenses. Les plaques tectoniques bougent dans notre zone géographique. Et, personne n’est en mesure de prédire ce que deviendrait le monde de demain. Mais, nous nous souhaitons de survivre pour raconter notre version des faits. Cela ne s’accommode pas avec le marchandage de sa liberté. Le sacrifice en vaut le coup. C’est une autre intonation du proverbe «الخبر يجيبوه التوالى », celle du défi. Et nous comptons le relever.